Un vieil adage dit que plus les choses changent plus elles restent pareilles. Je ne sais pas si c'est vrai, mais je sais que si ça l'est, alors je suis l'exception qui confirme la règle. Rien n'est plus éloigné de celui que j'étais autrefois que celui que je suis aujourd'hui. Absolument rien.
Autrefois j'étais naïf. Toujours prêt à tendre la main à mon prochain. Toujours prêt à croire les mensonges qu'on voulait bien me raconter. Toujours prêt à faire contre mauvaise fortune bon coeur. Toujours prêt à encaisser les coups sans rien dire, sans rien faire.
J'étais idéaliste en ces temps-là. Je croyais qu'il y avait du bon dans la nature humaine, qu'au final en chacun de nous se trouvait une lumière qui attendait qu'on lui donne une chance de repousser les ténèbres même de l'âme la plus noire. Je... Je croyais qu'il suffisait de toucher le coeur de quelqu'un pour pouvoir goûter au bonheur.
Je me trompais. Ô combien. Et la vie n'a pas manqué de me le faire comprendre, à sa manière sauvage et chaotique. Avec cette violence dont elle est... si coutumière. Au point de me laisser complétement fracassé avant même que j'ai pu m'en rendre compte.
Alors... Alors je suis parti, tout bêtement. Loin de chez moi, loin de ce que je connaissais. Je suis parti pour me reconstruire, parti pour oublier, parti pour... pour je ne sais pas, savoir si j'avais une chance de vivre de nouveau plutôt que de me contenter de survivre. Je suis parti sans même savoir où j'allais, je suis parti pour partir. Et je me suis... je ne dirais pas retrouvé, non. Je dirais plutôt découvert.
Ce fut... long et difficile, mais au terme de ce périple, j'en suis venu à comprendre qui j'étais et où était ma place. Au départ, bien sûr, j'ai fini par refuser de le voir. Pour quelqu'un qui a toujours pensé que tous les êtres vivants étaient égaux, c'est dur d'admettre que tel n'est pas le cas. Pour quelqu'un qui a le coeur sur la main, c'est dur de se forcer a la dureté.
Mais au final j'ai du l'accepter. J'étais fait pour commander. Fait pour dominer. Fait pour conquérir. Partout où je passais, les gens étaient prêt à me suivre, pour peu que je leur parle un peu et que je leur fasse quelques promesses bien tournées. Tant et si bien que quand j'ai finalement accepté la fatalité de ce destin qui s'ouvrait devant moi, j'ai pu en peu de temps monter une compagnie d'homme en armes assez efficace pour me permettre de conquérir un premier territoire.
Pas bien grand, certes, mais c'était déjà un début. L'assise dont j'avais besoin pour jeter les bases de ce qui deviendrait un jour mon royaume, ce royaume que j'allais me créer dans les larmes et dans le sang, puisque c'était, parait-il, le seul moyen d'y parvenir.
Que ferais-je ensuite? L'avenir nous le dira...
Sujet: Journal de Déhorian 
Mar 5 Aoû - 4:19
