Vendredi.
L'air froid matutinal se gorgeait des fines particules de bruine et les vomissaient en long panaches de brume. Je me tenais dans une ravine bordant les terres du Seigneur Drakkkkkula où j'avais pris l'habitude de monter mon camp pour la nuit.
Rien n'avait troublé mon sommeil, et c'est frais et confiant que j'entammais cette journée de chasse aux démons.
Mais à peine le sommet franchi l'atmosphère qui régnait dans le sous bois me pris à la gorge. D'âcre relents de mort montaient par vagues au gré du vent et m'emplissaient les poumons comme autant de vapeurs délétères.
La plaine qui s'ouvrait à l'orée du bois était jonchée de cadavres à demi dévorés par les loups et les corneilles, et, parmi ces dépouilles déjà gonflées et nauséabondes se trouvaient un nombre incroyable de créatures moribondes. Qui avait pu faire cela?
Des démons au ailes brisées buvaient le sang à même les plaies de cavaliers centaures, tendons sectionnés ou membres arrachés, goutant ainsi les dernières parcelles de vie qu'ils espéraient s'arroger pour prolonger la leur; des yétis, loin de leur environnement, agonisant la fourrure rouge de leur sang, pleurant encore sur leur famille massacrées; des chevaliers dragons erraient nus, énuclés et les mains tranchées, dégoutant leur sang dans l'herbe noircie; des tortugons écorchés vifs. Un carnage, une hécatombe.
Je fis le tour des survivants questionnant ceux qui pouvaient l'être, dispensant la miséricorde mais n'obtins aucun renseignement utile sur les agresseurs. J'ammoncelai les corps et purifiai tout dans un immense brasier. Cela fait, je partis en quête des responsables.
La plaine regorgeait encore de nombreux démons, je pu ainsi atténuer ma fureur sur eux. La journée n'aura pas été si mauvaise en fin de compte.