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| Quand les chacals hurlent à la porte... | |
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Salaha
Nombre de messages : 1067 Age : 114 Date d'inscription : 03/12/2008
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| Sujet: Quand les chacals hurlent à la porte... Ven 15 Mai - 20:28 | |
| Le petit elfe des forêts décharné poussa la lourde porte d’ébène qui menait à la bibliothèque, laissant pénétrer l’ombre du couloir dans le lieu étrangement lumineux.
"Si son impétueuse cruauté voit les rideaux ainsi tirés, des têtes vont tomber", pensa-t-il en s’approchant de la première fenêtre pour réparer cette fatale erreur.
Alors qu’il posait la main sur le lourd drap de velours noir, une vision stoppa son geste. Une fine silhouette se dessinait dans l’un des fauteuils en os de dragon, faisant face à la plus grande baie. Le petit être s’approcha pour mieux discerner les traits de l’audacieuse créature qui osait ainsi prendre la place de sa maîtresse. L’inhabituelle lumière qui régnait en cette salle de coutume plongée dans l’obscurité, à l’image du château tout entier, gênait la vision de l’intendant. Finalement, il se décida à venir faire face à l’inconnu, se résignant à conclure que ce ne pouvait être sa maîtresse.
Et pourtant, quand il vit le visage impassible, la blancheur sans égale, et le regard sans faille, son sang ne fit qu’un tour. D’un bon il se plaça derrière le fauteuil et bredouilla.
"Votre glaciale cruauté désire-t-elle que je tire les rideaux ?
Non.
Ma maîtresse se sent-elle malade ?
Non, Zippo.
Voulez-vous que j’envoie chercher un guérisseur ?
Non, je ne suis point malade, Zippo."
Il en restait béat, non seulement elle ne s’énervait point, mais elle supportait de rester ainsi au soleil. Pire encore, elle semblait aimer cela.
"Les événements récents vous auraient-ils tourner la tête, votre souveraine cruauté ?
Non, je repensais juste à tout cela et aux leçons à en tirer.
Et qu’en déduisez-vous ? Si toutefois l’humble créature que je suis puisse comprendre."
La drow, perdue dans ces réflexions esquissa un sourire.
"Le Bien emploie les mêmes armes que le Mal.
Et cela vous fait sourire ?
L’ironie m’a toujours beaucoup amusée."
A cet instant, entrèrent deux drows en armure. Archers à la carrure imposantes, les deux ombres portaient des galons d’officier. Le général en chef, suivi de son second, cligna des yeux, ébloui par la lueur inattendue. Sans faire plus cas de cette bizarrerie, il vint se poster à la droite Salaha.
"Rapport d’une attaque sur nos terres, menée par notre voisin de l’Ouest votre seigneurie.
Et cela t’étonne ?
Non. Mais le fourbe profite de la faiblesse apparente de vos confrères.
Là est le propre des chacals…"
Le général resta sans voix, surpris du calme de son interlocutrice, attendant sa réaction. La drow ne cilla pas pour autant, elle resta assise à contempler l’horizon. Le général ne se décidant toutefois à rompre, elle finit par demander.
"Autre chose ?
Destruction de la chapelle de Nerull.
Soit, Zippo, ordonne sa reconstruction immédiate. Qu’elle soit finit pour le sacrifice du soir."
Le général sombra dans une torpeur cette fois bien visible. Planté devant sa chef, attendant un ordre de sa part, mais tout ce qu’elle daigna dire fut :
"Autre chose ?
Vengeance ?"
Elle tourna la tête, flanquant son regard dans le sien. Toujours aussi impassible, elle rétorqua d’un ton étonnamment calme et posé.
"On ne t’a point appris à faire des phrases à l’école des officiers ?
Dois-je donner l’ordre d’attaquer ?
Non
Pourquoi ?
Visiblement le calcul était également absent du programme…
Il y a eu offense, on doit répondre.
Retournes jouer avec tes soldats de plombs, macaque sans cervelle. J’attaquerai quand je l’aurai décidé."
L’intendant revint, assurant que la chapelle serait prête à temps. Le général ne se décidant toujours à bouger, la drow reprit sans pointe d’agacement quelconque.
"Autre chose ?
Il attaquera à nouveau demain, et plus d’église…
Nous reconstruirons plus loin."
Décidément, rien ne semblait pouvoir la sortir de sa léthargie. Le militaire par contre n’y tenait plus. Qu’arrivait-il donc à sa terrible chef ? Où était passée sa colère ? sa hargne ? Il bouillait sur place, hésitant toutefois à exprimer le fond de sa pensée, de peur de ne provoquer une fois de trop la tempête endormie. Et la question toujours aussi placide se fit à nouveau entendre.
"Autre chose ?
On demande de l’aide ?
Je m’en occuperai. Poursuivez l’entrainement en attendant un contrordre."
C’en était trop, s’il était archer, c’était pour se battre, s’il était chef, c’était pour commander sur un champ de bataille, pas pour regarder des pantins se faire transpercer par des cure-dents, économie de bois obligeant… Bref il voulait se battre.
"Autre chose ?
Oui ! Votre balourd de futur époux s'est…"
La tête roula sur le sol, au pieds de la drow. Debout, la hache portée à bout de bras, elle baissa les yeux vers le corps ensanglanté.
"Tu voulais une réaction, c’est chose faite."
Regardant la grande table.
"Il manque un chandelier. Son crâne sera parfait.
Il sera fait selon votre volonté, votre glaciale cruauté", murmura l’intendant.
Le regard de la drow se perdit une dernière fois au dehors, vers l’horizon chaleureux des dernières heures du jour.
"L’air de la campagne me ferait le plus grand bien."
Les deux autres se regardèrent, n’y comprenant plus rien. Ils préférèrent toutefois garder le silence.
"Général Tsarok. Poursuivez la formation des troupes et attendez mes ordres."
Le général fraichement nommé sortit.
"Zippo, tu as la charge du domaine. Gères les productions comme de coutume. Et ne me dérange pas pour rien."
L’intendant la regarda partir, béat, puis se remit à sa tâche. | |
| | | Salaha
Nombre de messages : 1067 Age : 114 Date d'inscription : 03/12/2008
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| Sujet: Re: Quand les chacals hurlent à la porte... Lun 18 Mai - 20:50 | |
| Deux jours s’écoulèrent sans nouvelle altercation, les archers des deux seigneuries restèrent bien sagement dans leur campement. Chaque heure le général Tsarok arpentait la frontière, chaque heure il n’y trouvait rien de plus que les buissons et bestioles qui s’y cachaient. L’ennemi avait disparu comme il était venu. S’endormait-il sur ses positions ? Pensait-il que cette offense resterait impunie ?
N’y tenant plus, au soir du troisième jour, le général vint taper aux portes de la bibliothèque, bureau de l’intendant.
"Des nouvelles de Dame Salaha ?
Son impétueuse cruauté ne s’est point manifestée.
Mais qu’attend-elle !? On est en guerre oui ou non ? On a été attaqué, il nous faut répliquer !
Sa glaciale grandeur a ordonné d’attendre.
Attendre que l’ennemi se réveille et réitère son offense ? C’est le temple de Nerull qui a été rasé ! L’aurait-elle oublié !?
Et vous glorieux général, auriez-vous oublié où repose le crâne de votre prédécesseur ?"
Les deux regards se tournèrent vers la table ou reposait une bougie élancée, plantée sur un crâne verni. Le drow déglutit et reprit.
"Nous attendrons."
Il sortit faisant claquer ses bottes sur le plancher. L’elfe des forêt décharné reprit sa comptabilité.
"Ordres de vente… 200 casques …
…
Impôt boutique de potions…
…"
La porte s’ouvrit soudain dans un vacarme éclatant, un cavalier entra haletant. Sans faire plus attention à l’intendant, il parcourut la pièce des yeux, puis semblant ne point trouver ce qu’il cherchait, s’exclama :
"Le général n’est pas ici ?
Vous venez de le manquer.
Arf… Message urgent pour la chef !
Sa capricieuse froideur ne souhaite pas être dérangée.
Euh… C’est vraiment urgent !
Dites toujours…"
La frêle créature porta ses yeux injectés de sang vers le grand benêt qui lui faisait face.
"Envoyé en éclaireur sur le front ennemi… Pas trouver d’armée… Prise d’un hectare… Aperçu morts-vivants à l’ouest… Gros campement…
En éclaireur ? Sur le territoire voisin… Son hargneuse cruauté ne va pas aimer cela…"
Peu rassuré, l’intendant se saisit pourtant d’un parchemin, d’une plume et de sa plus belle écriture, enfin en tentant comme il put de donner forme à ses pattes de mouches, il entreprit de rédiger son rapport. Le message fini, il le confia à une des salamandres de sa maîtresse qui se faufila aussitôt dans une fissure du mur en direction des plaines sauvages.
Quelques heures passèrent ainsi, le serviteur dévoué accomplissant son travail quotidien dans l’attente de la lettre enflammée qui allait lui revenir. Le général vint une fois de plus briser le silence.
"L’éclaireur est passé par là à ce qu’on raconte ?
Sa cruelle splendeur a été informée. Je crains qu’elle n’apprécie guère vos initiatives.
Les troupes aperçues à l’Ouest devrait bien plus l’inquiéter que mon choix tactique. Je suis général en chef par Nerull !"
L’intendant n’eut le temps de répondre, la salamandre revenait.
"Fidèle Zippo, Fais savoir au jeune loup qui doit se trouvait devant toi en cet instant que de crocs trop long mènent bien souvent à l’abattoir. Qu’il finisse cependant ce qui a été commencée, je ne veux plus voir ce maudit château à mon retour. Pensez aussi à remercier nos précieux alliés de l’Ouest."
Le drow ne lâcha pas du regard l’elfe, et sa lecture fini s’empressa de demander.
"Dame Salaha ?
En effet. Votre tête ne tombera pas dans l’instant, mais elle me charge de vous rappeller qu’elle est seule maître en son domaine. Le campement de l’Ouest est de nos alliés. Elle n’en dit pas plus mais je pense que cette aide était planifiée.
J’aurais du attendre quoi… Il suffisait de le dire… elle ne fait donc confiance à personne…
A personne en effet."
Le général jeta un regard noir à l’intendant, visiblement la question était rhétorique. Sans plus de cérémonie cependant, il sortit.
Une heure lui suffit à rassembler un bataillon d’archer haut et dans la lueur du crépuscule, il se dirigea en tête du peloton vers la frontière Nord-Ouest. A peine arrivée à l’orée des bois qui marquait le territoire de sa maîtresse, un curieux spectacle s’offrit à lui.
Une horde de mort-vivants, plutôt désordonnée se diriger également vers le domaine du chacal, obliquant cependant vers le Nord. Tsarok ordonna l’arrêt de la marche d’un revers de la main. Et la troupe stoppa net. Seul, il s’avança pour voir de plus près ces prétendus alliés qui manquaient grandement de discipline. Quelques pas lui suffirent pour apercevoir le blason.
"Voilà qui explique tout ! Formez les rangs sur quatre lignes."
Les archers s’exécutèrent sans vraiment comprendre… Ils pensaient être venus égorger quelques paysans et voilà qu’on leur demandait de faire face à une armée de squelettes.
La horde s’arrêta également, dans un chahut digne des bas-fonds de l’enfer, et les squelettes regardèrent incrédules le bataillon bien rangé de drow effectuait une "ola" digne des plus grands spectacles de gladiateurs. Après cet hommage à leurs sauveurs, les archers se remirent en route pour aller trancher quelques gorges dans la joie et la bonne humeur.
Les morts-vivants mirent un moment avant de se ressaisir, puis celui dont l’allure se rapprochait le plus d’un officier grommela :
"Je crois que la donzelle du chef veut lui passer le bonjour."
Et ils reprirent aussi leur marche macabre et pour le moins chaotique en direction du camp de bucheron ennemi. | |
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