Nawakim - Forum Officiel

Elle avait les cheveu gris, courts et droit comme son cœur, à l'inverse de ses muscles qui tombaient flaques comme ils pouvaient maintenus sur ses os on ne sait trop comment. la vie semblait sur le point de la quitter tant elle paraissait fatiguée des années passées à conter ses histoires.
La vieille femme ouvrit sa malle de fer au décor ciselé de cuir marron. La serrure rouillée ne fermait plus depuis des lustres. Le grincement fantomatique lors de l'ouverture du coffre retarda à peine les mains noueuses qui fouillaient le fond à la recherche d'une histoire des temps anciens...
enfin, elle extirpa un vieux cahier à la couverture trouée, les pages noircies, dont certaines parties semblaient illisibles. Sur la page de garde on lisait encore : « Journal de bord » et la signature à peine visible ne laissait pas deviner l'auteur...

Sixième jour du mois des moissons.

[Un reve ….]
Alors qu'elle ouvrait les yeux, elle était assise sur un banc au milieu d'un jardin richement décoré si raffiné qu'il paraissait irréel. La lumière inondait son regard lui brulant les pupilles et les doux rayons du soleil d'automne brunissait ses joues. Lorsqu'elle posa sa main sur le dossier, elle fut surprise de voir une nouvelle bague à son annulaire gauche sans comprendre tout ce dont il s'agissait. Elle se leva et se dirigea vers un bosquet dont la statue dorée en tout point semblable à celle qu'elle avait fait édifié en souvenir d'Izmar prêtresse 3eme du nom. Les lignes élancées de la sculpture posée délicatement au sommet d'un promontoire stylisant trois sirenanges élevant au ciel le symbole du sacrifice ultime de la princesse donnaient à l'ensemble un goût de grâce et de délicatesse qui touchait le coeur de quiconque observait l'ensemble de l'œuvre.
Apaisée la magicienne avait besoin d'un point d'eau pour adoucir ses yeux. Alors sans chercher son chemin, comme si elle connaissait les lieux depuis toujours, elle prit la contre allée qui s'offrait à elle, tournant le dos au reste du labyrinthe menant à la statue.
Sans s'en rendre compte un instant plus tard elle se trouvait devant la fontaine. Elle s'agenouilla et observa l'eau un moment sans se souvenir de ce lieu étrange dans lequel elle semblait évoluer et se mouvoir avec aisance. L'eau perlait entre ses doigts et la source fraiche apaisa immédiatement son visage.
-Gizaos?
Elle reconnu entre mille la voie qui si loin pourtant lui était si familière. Tournant la tête, elle fut à nouveau éblouie, la silhouette se dessinait à peine sur la haie argentée qui reflétait la lumière du soleil. Sans qu'elle puisse discerner avec précision celui qu l'appelait, elle savait déjà qui il était, son coeur bondissait dans sa poitrine, elle se redressa....

[la bibliothèque]
Lorsque le maitre scribe se présenta devant l'humaine elle était encore assoupie à sa table dans la bibliothèque, bien que le soleil fut à peine levé. Voilà des semaines qu'elle préparait cela avec fébrilité doutant de la réussite de son entreprise tant la tache semblait impossible à réaliser.
Torkiinn l'effleura du doigt.
-Gizaos?
Surprise elle ouvrit les yeux et sursauta.
elle releva la tête et fut à la fois soulagée mais triste de voir sa main gauche libre de tout anneau sur son quatrième doigt.
Dans la lente lumière de la bibliothèque, elle vit Torkiin qui lui prenait la main.

-Pardon je ne vouais pas vous faire peur, mais je me devais de vous annoncer la nouvelle au plus vite. Les scribes ont enfin fini d'œuvrer. Depuis des lunes ils ont veillé pour finir le travail imposé.
La retranscription est terminée, tout est fin prêt, les voitures sont déjà arrivées à destination, vous pouvez à présent vous même vous y rendre.

Encore dans son rêve, Gizaos referma les yeux dans l'espoir de gouter une fois encore à cette vie qui semblait offrir tant de charmes. Depuis des mois, elle faisait et refaisait sans cesse ce doux songe qu'elle se devait de rendre réalité. Il lui manquait trop, aussi il lui fallait aller vivre auprès de lui, alors peut être aurait il un jour idée de...

-Non ce n'est rien mon ami ne t'inquiète pas. Je suis enchantée de l'annonce que tu me fais là. Nous allons donc bouger sur le champ! Envoie un message à Eron et préviens le de mon arrivée imminente.

Vingt cinquième jour du mois des moissons.

[Là bas]
Le maitre charretier attendait déjà depuis l'aube, la carriole peinait sous les objets entassés
arrivé à destination, la vieille mule n'en pouvait plus, lorsque son soigneur la libéra de son fardeau à grand renfort de jurons, elle se traina jusqu'à l'écurie en attente d'une rasade d'eau revigorante puis s'effondra sur la paille fraiche. Les allers retours imposés par son maitre ces dernières semaines l'avaient exténuée.
une fois les attaches défaites, la carriole vomissait les souvenirs de Gizaos au fur et à mesure que les valets débarrassait les objets en tous genre pour les installer dans le nouveau domaine. Ainsi tout serait prêt lorsqu'elle en passerait le seuil.

Quarante septième jour du mois d'après les moissons.

[adieux]
La maitresse de maison s'avança vers les serviteurs qui s'affairait ça et là encore une dernière fois, admirative, elle observait la fourmilière en action. Elle les regardait tout préparer ne parvenant pas à trouver les mots pour les encourager.
Elle se hâta vers le salon regardant sa demeure se vider.

Elle décrocha elle même le portrait qui siégeait face à la porte depuis maintenant plusieurs mois. Vieille photo de famille jaunie par les années passées à observer la vie au domaine. Le cadre rongé par les semaines de guerres passées, redoré par les mois d'abondances qui suivirent.
Le vieux clou rouillé ne tarda pas à livrer l'image, que la jeune femme garda à la main. Elle ne pouvait se résoudre à laisse le portrait accompagner les objets qui s'entassaient dans le chariot qui croulait déjà sous la charge imposée par tout ce remue-ménage. Elle défit calmement le cadre les agrafes laissaient trace de leurs services à sublimer ce souvenir, un de plus...
Son nez la piquait, les larmes ne tarderaient pas à se présenter à la porte de ses yeux.
Elle sortit admirer ses jardins, fraichement fleuris, elle cueillit un bouquet de colchiques parmes qui ornaient maintenant le pied de la statue d'Izmar. Lorsqu'elle descendit les quelques marches de la terrasse, son coeur se serra une fois de plus à la vue de son camélia centenaire massacré par la belle Aërynsun par un bel après midi de printemps.
Elle décida de prendre sa canne à pêche et une dernière fois prit le chemin du nord est, elle se dirigeait vers son étang préféré tout proche chez le maitre Nain, auprès duquel elle avait pour habitude de demander le coucher lorsque la partie poissonneuse se prolongeait jusque tard le soir.

[travaux]
Je me démenais comme je pouvais, tentant de guider au mieux l'ensemble des ouvriers. J'observais avec bienveillance la reconstruction en bon maitre d'œuvre. Malheureusement analphabète, je prenais soin de toujours garder les livres auprès de moi, zyeutant de temps à autre d'un air important quelques paragraphes, qui de toutes façons ne m'étaient d'aucun secours. Faisant mine de maitriser l'ensemble des travaux, je fus soulagé lorsque j'aperçus au loin le scribe en second arriver, lâchant immédiatement l'ouvrage, je se dirigeai vers l'intérieur de la demeure. Et là le doute m'envahit soudain!
Juché sur une échelle bancale, un domestique affublé d'un tablier de cuisinier tenait à la main un pinceaux de poils de dragons mythiques et teintait le mur d'un bleu-verdâtre tirant sur le maron pailleté d'or plus que douteux pour la couleur de la cuisine. À sa droite un autre employé accrochait déjà les tableaux au mur accoutré d'une masse qui pesait pas loin d'une demie tonne. Lorsque je pris le chemin menant à la salle de bain je m'effondrai découvrant l'ampleur des dégâts. À peine fus je entré que mon regard se porta vers le sol légèrement humide, à la fenêtre, un serviteur écopait l'eau jusqu'à l'arrivée des secours. Un autre improvisé plombier pour l'occasion s'escrimait sur l'évacuation de la baignoire outillé d'une scie à bois. Enfin je découvris le maitre d'hôtel en smoking toujours propre sur lui, d'une tenu impeccable dont les jurons faisaient concurrence au maitre charretier, tant l'agacement lui montait au nez, alors qu'il essayait vainement d'allumer les torches au mur, détrempé parla pluie infiltrée dans les trous du plafond. Il ne m'en fallut pas plus pour me sentir bien démuni face à tant de professionnalisme. La nuit serait longue pour moi, elle n'allait plus tarder il me faudrait tout réparer moi même...

Premier jour du mois des jachères.

[départ]
Elle regarda derrière elle laissant au loin ses collines et ses montagnes si chères à ses yeux, la tête tournée vers son ile, elle déplorait une fois encore la perte de sa plage qu'elle n'avait pas su réaménager comme avant. Des fleurs fanées jonchaient le sol. Éparses un vieux morceau de chiffon côtoyait une assiette ébréchée ornée des armoiries humaines, vestiges d'anciens temps révolus. Trop de souvenirs attachés à sa mémoire, ils resteraient à jamais enfouis en elle comme autant de sable qui coule dans le sablier du temps. L'humaine laissait les ruines de sa vie passée derrière elle avec regret et mélancolie.
Portant une fleur à la boutonnière de sa veste, elle laissa partir au gré du vent le reste du bouquet dont la senteur faisait mourir son âme de yakimienne.
Écoutant les vagues , elle chevaucha son dragon une main serrée sur le portrait, l'autre cramponnant fermement les rênes, respirant une ultime fois l'air de son domaine, un goût salé dans la bouche, le regard perdu vers la mer...

[retour aux sources]
la légende raconte qu'elle fut parachutée par son dragon d'une traite sur la nouvelle ile dernière découverte des royaumes, la chute sembla durer des heures, alors que le sol s'approchait d'elle, elle entendit le son des cloches d'un prieuré non loin de la à l'est
lorsqu'enfin elle reconnu le son du carillon, l'image du monastère s'imposa à elle. Elle posa le pied au sol et immédiatement courut vers la lourde porte de chêne. Alors lui revinrent en mémoire ses débuts dans les royaumes, au moment où elle toucha le heurtoir, elle vit le Z sculpté, alors tout devint clair et limpide, Gizaos avait retrouvé sa voix, à nouveau elle serait zanarkandienne, auprès de celui qu'elle aime...

-Et c'est ainsi qu'on décrivit l'arrivée de Gizaos sur notre belle ile de Fadakim...
La vieille femme referma le livre à la couverture usée, les pages écornées par les doigts, se demandant encore par quelle magie, Eron un serviteur ne sachant ni lire ni écrire avait pu laisser tel témoignage...