Des perles pour Marquise ou comment courser un cochon

Roooooooo non, non, nooooon !
Mon beau collier tout neuf qui s’est perdue !
Je parie ma dernière sucette rouge que Barnouche y est pour quelque chose !
Elle et ses petites mains trop agiles !
Voler moi je veux bien, mais pas moi bon sang !

Arlequin !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Faudra vraiment que tu surveilles mieux ta naine hein ! ça ne va plus du tout ça !
Je peux pas sortir dans la rue comme ça moi !
Sans collier ma poitrine a l’air toute petite ! deja que Newael me traite de fesses plates a tout va, faudrais pas non plus qu’il s’attaque a ma poitrine maintenant !

Bon ! je suis fâchée la, si,si !
Sortie en trombe de ma chambre, je ne fait pas dans le discret
Un cris par la, un coup de pied dans une porte par ici
Des petits poings qui tambourinent la porte de Arlequin !

Je sais que tu es la ! tu me fais le plaisir d’aller donner une correction a Barnouche ou je te jure que c’est toi qui va t’en manger !

Et viens pas me dire que c’est Niniel ou Nenya, jamais elles ne me voleraient quoi que ce soit et surtout pas mes bijoux !
Je ne parle même pas de Wairwyne ! elle n'aime pas les bijoux elle t'facon !

Ça fait des plombes que je suis planquée là, à attendre que la Marquise sorte de sa chambre. Mais je saurai être patiente. Parce que le butin qui m’attend est tellement, tellement… Tellement salivant alors qu’il aurait suffit qu’elle partage juste une fois ! Juste une fois elle m’aurait donné un morceau de quelque chose, je m’en serai contenter ! Pire, j’aurai été ravie ! Mais non. Mâdame la Marquise ne partage pô. Ses sucreries sont trop bien pour moi. On va voir ça. Sort de là, va promener, et laisse la porte ouverte, je m’occuperai de la fermer.

Oh pinaise ! C’était quoi ces cris ? J’espère qu’elle s’est pas fait mal, sinon ça va encore me retomber dessus. Approchons doucement et discrètement de la porte… Elle parle de sucette… Et de moi ! J’ai entendu mon petit nom ! Mais je comprends pas ce qu’elle braille ensuite.

Bla bla collier… Bla bla poitrine… Bla bla…

VLAM ! ! !

Ouille. La porte a fait comme tant d’objet mobile ou immobile. Elle est venue s’écraser contre mon nez, pourtant déjà assez aplati comme ça. Et pendant que je souffre, que je me vide de mon sang par les narines, que je dégueulasse ma robe, que j’agonise entre le bois et la pierre, la Marquise, elle se barre sans même avoir senti un obstacle. J’vous jure, elle aurait pu me marcher dessus qu’elle aurait pas ralenti.

Puisque ma robe est déjà toute tachée, et que la Marquise a laissé sa porte ouverte (qu’elle ne vienne pas se plaindre qu’on la vole dans ces conditions là !), j’en enfonce deux pans dans mes narines pour freiner l’écoulement rougeâtre. Sans la déchirer bien sur. Parce que c’est de la connerie de déchirer une robe pour juste un petit bout.

Stop, pause. Visualisons la scène. Nous avons donc une naine, avec le nez aplati et en sang, le bas de la robe remonté et bien enfoncé dans les narines. D’ailleurs, elle commence à avoir les larmes aux yeux, parce qu’elle ne sait pas vraiment respirer par la bouche. Elle vire violette même. Mais elle entre tout de même dans la chambre de Marquise. Quel courage, quelle ambition ! Quel manque de fierté…

Je fouille, je farfouille, de frotte aussi de temps en temps les gouttes de sang qui ont perlé à travers le tissu pour venir s’écraser sur le sol ou tout autre chose qui se trouvait sur son chemin. Mais rien, je ne trouve rien, absolument rien ! Même pas un morceau de sucre non raffiné. Dépitée, je retourne m’asseoir sur mon tonneau de la grand place. J’aime bien cet endroit. Ça parle, ça jacte, ça ramène les nouvelles du monde. Tiens… C’est quoi cette histoire de perles ? J’ai pas tout compris, mais va y avoir une chasse à la perle, et c’est pile ce qu’il me faut ! J’vais rassembler des perles, j’vais faire un collier, et je lui échangerai contre un sac entier de sucettes!!! Mais j’y arriverai pas toute seule. Newa, faut que je trouve ce con d’elfe que je supporte pas mais qui sera un bon allié dans ce genre de course. Pis les filles aussi. Elles vont m’aider les filles. Pis Arl aussi, même s’il se la joue vampire à plus sortir de sa grotte celui là. ‘reusement qu’il n’a de chef que le nom, parce que j’imagine même pas la débandade si on venait à nous provoquer en duel!

Allez, c’est parti. Repos, étirements, échauffements, entraînements, et direction l’e Nord Ouest de Wakim, là où soit disant un cochon va lâcher des perles. Hihi ! Un cochon qui lâche des perles ! Aussi bien ils ont rien compris, et le cochon il va… Bah m’en fout, dans tous les cas, j’vais me marrer.

La vie à la cour... Que de choses étranges, dénuées de sens.
J'erre bien souvent, soignant comme je peux. Je ne crois pas les aimer, je n'ai toujours pas digérer cette humiliation qu'ils m'ont fait subir, et pourtant je reste.
Nenya croit pouvoir compter sur moi, mais je n'ai aucun pouvoir en ces murs, et quand ça cri je préfère aller écouter d'autres chants, ailleurs, loin.
Je n'ai pas envie d'assister à leurs bagarres continuelles et autres chamailleries. Je reviendrais soigner tout ça quand le calme sera revenu.
Parfois je me dis que je ne devrais plus le faire, peut-être qu'ils se calmeraient.
Mais au fond ça m'est égale... Je survole leur dispute, peu intéressée par les tenants et les aboutissants, pas concernée le moins du monde.

Pour changer je fuis vers les champs, trouver un peu de tranquillité dans un bois proche. Mais ce serait sans compter sur la naine.
Sa petite main est venue attraper mon bras, me tirant avec elle je ne sais où. Elle a une bien drôle d'allure avec sa robe enfoncée dans ses naseaux, le tout recouvert de sang. Ils ont encore dû la martyriser...
Pendant qu'elle me traine derrière elle, elle qui court à toute vitesse, sa main empoignant la mienne, je fait passer mon énergie à travers elle, jusqu'à son nez, l'écoulement s'arrête, son nez reprend sa forme d'origine et les pans de sa robe glissent d'eux même jusqu'à leur position naturelle.
Et elle continue de courir.

"Barnabée... tu m'emmène où comme ça, et aussi vite ?"