Gyllys Seigneur de Grognard.

C’est là que ça avait commencé.

En passant derrière les montagnes toutes proches, le soleil avait emmené avec lui lumière et chaleur, et dans la foret, tous se préparaient à la nuit.

Gyllys, nain des plaines, n’était pas à l’aise dans les bois, et puis son sac était lourd. Il était seul depuis plusieurs jours à essayer de chasser assez de serpents pour se sortir de la promesse qu’il avait faite de ramener de belles écailles, il commençait à le regretter…. loin de chez lui, il avait froid, faim.
Il avait accepté cette tâche par désœuvrement et surtout dénuement, et s'était lancé tête baissée dans sa recherche, s'imaginant que les serpents se laisseraient prendre facile. Résultat, il était perdu il ne savait ou, couvert de griffures et de morsures, plus teigneux et furieux que jamais.

Arrivé à la lisière du bois, il découvrit, tout près d’un étang bien entretenu, une belle bâtisse de pierres grises.
Trop grande pour une simple habitation, trop juste pour une auberge….
Rien d’hostile en apparence. Il s’approcha avec prudence néanmoins. Pas de gardes. De la lumière. Du bruit, des rires.

Un coup d’œil prudent à une fenêtre : toute une compagnie disparate d’elfes, de nains, d’orcs, se tenait là autour d’une longue table de bois, festoyant d’un rôti de minotaure arrosé d’un vin rubis.
Il en sourit d’aise.
Levant les yeux, il vit une planche de bois, avec gravé dessus : « Les pieds dans l’eau ».
Il lissa sa barbe, redressa sa ceinture. Et frappa à la porte.

Rien.
Rhaaa !....Plus fort. Il cogna plus fort.
C’est un nain qui ouvrit.
Bon, ça, très bon….on allait surement pouvoir s’entendre.
Gyllys lui expliqua en deux mot sa situation, et Karhaix lui souhaita une franche et cordiale bienvenue : « Plus on est de fous, plus on rit ».
Gyllys se demanda si la nef prenait l’eau, son synapse en détresse.

Mais l’odeur des mets et la douce chaleur de ce foyer se firent irrésistibles, et il entra sans plus se poser de questions, content. Il rendit les saluts qui fusèrent.
Une place fut libérée à la table, on se pressa un peu, et les conversations reprirent sans plus de formalités.

Il avait déposé dans un coin toute sa quincaillerie de hachette, bouclier, et il s'attaqua à une sublime assiette généreusement servie, en écoutant ici et la les propos des uns et des autres.
Fameux cordon le cuisinier, sauce à la palourde et coques sur les filets de minotaure. Mmmm....coriandre....muscade. Parfait. Divin.

Karhaix, malgré qu'il s'était brièvement désigné comme fondateur de la compagnie, restait un peu à l'écart, démêlant de longues bobines de fil de pêche, triant des hameçons....il avait déchaussé d'énormes bottes, et entassé dessus des gants, des épaulettes, des besaces. Les yeux plissés, il était concentré, au calme.

A table, on parlait affaires, corps d'armée, forge, bijouterie, mines, très vite la tête lui tourna, mais il essaya de rester attentif. Chasse, grotte....discussions, arguments, exemples, expériences, preuves, calculs, projets.
Gyllys se permit à plusieurs reprises quelques questions, demandant des précisions, masquant mal son ébahissement et une joie quasi enfantine.


Voilà.

Lui qui venait des plaines, d'un village moisi et insignifiant, il apprit en quelques heures comment développer, exploiter, déployer, agrandir, et aussi "opeutimizer" ses capacités et ses possibilités, et surtout, s'enrichir. Oh, il allait changer tout ça, les marais, les friches, les pierres stériles, la crasse.
Ils allaient pas en revenir au village. Il allait mettre ses feignasses au boulot.
Et faire de son village un domaine digne.

Enfin, ça , c'est ce qu'il s'est imaginé à ce moment là.

Après avoir bien achevé une deuxième assiette, bavardé avec presque tous, Awalpé, l'orc commerçant avisé, versé dans toutes connaissances, fruits d'une longue expérience et de recherches, Vil, le prêtre affable et noctambule, Zvarn, l'elfe discret à la recherche de l'architecte philosophal, l'elfe Byconen et le nain Marius, deux jeunes chasseurs aux besaces pleines de menus trésors, précieux connaisseurs des plaines comme personne, et aussi Cixi, officier de défense du clan, garant des effectifs de survie aux frontières ....et bien d'autres...il se prépara à rentrer chez lui, salua et remercia tout le monde.

Mais en chemin, alors qu'il repensait à ses travaux à venir, il se fit comme des vides dans son esprit, des trous, des oublis, et, arrivé aux portes de son village, il était tout embrouillé, ne sachant plus très exactement par quoi il devait commencer ses chantiers.

Quelques jours plus tard, on le retrouvait installé à la taverne qu'il avait vidée à grands cris et à coup de massue, et dès que le soleil montait au zénith, après une bonne chasse pour se mettre en forme à l'aurore, et aussi nourrir tout le monde, c'est là qu'il rejoignait ses quartiers de travail.

- Salut mes gars ! Prêts ? Aujourd'hui, deux chantiers à finir, le toit du camp des bûcherons, et le dépot à agrandir, j'veux deux équipes la dessus jusqu'à ce que ce soit terminé. Par le chignon de Frodel, à la nuit faut achever ça.
En route!

Et comme ça, chaque jour avait son lot de tâches à avancer.
Au début, il s'était installé dans sa maisonnette, mais Filaine sa douce, lassée de tout ce monde qui lui salissait tout et lui vidait sa réserve, l'avait chassé sans ménagement.
Alors, adossé aux fût des meilleures bières, il recevait là ses courriers et ses gens, administrant ses travaux, trouvant l'inspiration dans l'écume d'une chope pleine, et de plus en plus selon l'avancée de la journée, ou les succès de ses projets.

Il avait commencé par écrire à tous ses amis et connaissances, sollicitant informations et conseils, puis il avait lancé les villageois dans l'assainissement des marais, le défrichage des plaines, le nettoyage des bois.
En quelques jours, était comme apparue une zone propre à être bâtie et exploitée sereinement.

Gyllys faisait force promesses de richesses pour motiver ses troupes, pour les encourager à s'associer aux travaux.
Et quand il sentait baisser les motivations, il parlait le soir des forges qu'on allait avoir, de l'armée qu'on allait monter, il organisait des groupes de chasse pour le leendemain.

Ils avaient mis plusieurs tournées générales à tracer les plans, à se mettre d'accord sur les avis des uns et des autres.
Gyllys avait organisé la lecture publique des lettres reçues qui décrivaient les modes opérationnels des travaux à venir, et chacun avait finalement trouvé sa place et son oeuvre.

Ca s'annonçait bien, on approchait chaque jour un peu de la vision qu'il avait eue d'un domaine doux à vivre.

Sauf que Filaine, en s'occupant, en plus des bouches à nourrir, du seul étang de pêche qu'on avait décidé de laisser pour l'exploitation de la poiscaille, s'était toquée d'une colonie de petits crabes, et maintenant, on devait faire attention ou on marchait, et lui ramener tout crabe trouvé, elle en faisait un élevage adapté dans la cour de la maison, harcelant tout le monde pour qu'on épargne ces merveilleuses bestioles.


Alors, pour se sortir de là, Gyllys avait eu la bonne idée de lui faire construire une maison par le groupe des maçons, une grande et belle maison, loin des chantiers, loin des travailleurs, presque un chateau. Pas encore fini, mais qui lui plaisait beaucoup, elle y emménageait petit à petit, ravie.
Et on avait aussi importé quelques brebis, elle allait pouvoir reprendre son
activité, elle filait avec ses mains d'or une douce laine, ça allait l'occuper ?
Il l'espérait.
Tout ça il le faisait pour elle, pour la voir belle, heureuse et riante, c'était en fait elle le Seigneur de Grognard, elle régnait plus sûrement sur son coeur qu'il ne le faisait sur ses hommes avec sa grosse voix, sa massue et ses cris et ses promesses.

Ce matin, Gyllys est soucieux, presque inquiet, il ne sais pas comment dire ça à ses hommes, il faut qu'il réfléchisse, pour bien amener la chose.....ça va pas être facile.

C'est Filaine sa douce.
Hier elle a commencé à lui parler de l'été, des enfants, de la plage, de piqueu-niqueu, de bungalloweu, et puis elle a demandé qu'il lui fasse faire un chemin pavé bien confortable jusqu'à la plage sud de l'ile, ou elle a découvert une crique qui est un enchantement, si tu voyais, Gyllys, avec un sable fin et doux comme de la soie, des petites grottes pour amuser les petits, des coquillages à ramasser à marée basse, oh, Gyllys, s'il te plait, allez, allez, allez, Gyllys, quoi, c'est pas grand'chose, quelques pavés et un bungaloweu en bois avec une peirgola...

Arrchh!
Comment dire non ? Comment dire que c'est pas possible, pas le temps, pas d'hommes disponibles avec les chantiers pas finis, les forges saignées à blanc, le bois qui fond comme glace, plus de pierres dans les carrières pour l'instant, les chevaux foubus ? Comment lui répondre non ?

Il a dit oui, ma douce...

Et elle l'a embrassé , ses lèvres comme du velours, elle a dit oui aussi.

Ce matin, elle est déjà levée, et fait préparer en cuisine des tab'oulets, des sirops de fruits, et les mioches ont de droles de chapeaux sur la tête, pour les inssolasions, qu'elle dit, Filaine.....


Il se frotte le crâne en entrant dans la taverne:
- Salut mes gars! Bon, alors aujourd'hui, ça va être un peu spécial....

""thor:Lostjiko > petit, velu et pas beau hummmm je dirai Gyllys
LostJiko : cherche sur la phobi de beacoup de gens, petit, velu et pas beau
Shadow : bonjour à tous j voudrai savoir sur quelle monstre trouver le morceau du boulier bas gauche"""











merci à : http://images.gfxartist.com/images/ArtworkItem/full/161463.jpg

Ce matin, le Seigneur de Grognard est de bonne humeur, il rit même tout seul, stupidement, on dirait qu'il a quelque chose en tête...

C'est un peu à cause de Filaine, elle est partie avec toute la maisonnée chez sa lointaine copine Iris, en bord de mer, il parait qu'il va y avoir des feudartifiss, et que les enfants vont adorer, mais enfin, trois jours c'est long, et Gyllys s'ennuie, bien sur il y a les travaux, les chantiers, tout ça, mais c'est un peu trop sérieux à la fin, alors....
Il rit.

Il s'habille comme un fermier, avec de pauvres vêtements usé, il est méconnaissable. Il fait seller une mule, et s'en va seul.
Il a envie de faire une blague à un voisin....

Y'a plus qu'à espérer que celui ci ait le sens de l'humour, hem, hem.

Bah, un jeune mort-vivant, ça peut qu'avoir le sens de l'humour, hein ?!

Quand il fut assez près du porche d'entrée du domaine de ce voisin, Gyllys mit pied à terre, laissa sa mule derrière un bouquet de bruyère, et commença d'attendre, le départ pour la chasse n'allait pas tarder à faire s'ouvrir cette porte.

- Té, le v'la.

Alors il s'avança à pas lent, un rictus sur les lèvres, sifflotant, et à deux pas du jeune mage qui s'apprêtait à partir, il dit, d'une voix monotone en roulant les rrr:

- Salutations, Seigneur,

je suis Gyllys, Seigneur de cette région, propriétaire du domaine de Grognard, au nord d'ici, oui, celui-là, avec les toits en ardoises.

Tu viens de t'installer, bienvenue, même si tu ne t'es pas présenté, je viens à toi....

alors voila: en gage de bon voisinage, tu me verseras chaque jours 1500 bois, par le marché aux ressources ou une offre t'attendra chaque matin

regardes bien la haut dans les collines, plus de 6000 de mes hommes, archers, canonniers, cavaliers, tous, attendent mes ordres

en échange tu recevras la paix et ma protection

si tu refuses, ton village sera brulé et rasé, les tiens asservis

premiere offre au marché dans deux jours

bonne journée, Seigneur

Il leva son chapeau, et allait retourner sur ses pas, le plus sérieusement possible, mais le jeune mage avait l'air très pale d'un coup, il restait là figé, les yeux éffarés.
Muet, et de plus en plus pale.
Cherchant une issue à ce piège.

Trop pale, même pour un mort vivant.

Alors Gyllys, dans un grand rire, lui donna une franche accolade:

- Mais, non, je plaisante, bienvenue sur Wakim, voisin!