'A l'Ecume Amère'

Le soleil se levait à peine sur les sommets de Nawakim. Comme bien souvent en ces temps calmes, la drow foulait les pavés des rues de la capitale. Comme toujours malheureusement, l'animation n'était guère d'actualité. Les Nawakimiens semblaient avoir totalement désertés les lieux. Plus de grandes discussions économiques ne se laissaient entendre sur la place des affaires, une présence un soupçon plus remarquable s'observait dans l'oratoire en cette période électorale. Elle préféra ne point penser au tribunal où sa plainte traînée sans réponse...

Le désert régnait, le néant se répandait en ces lieux jadis si animés. Seule la place des guildes et le marché attiraient encore quelques curieux ou commerçants intéressés. L'ennui s'installait peu à peu, plus qu'en son être, cette fois, le Royaume tout entier semblait touché.

Elle passa ainsi devant quelques bâtiments désespérément vides. Elle tourna à droite devant la bibliothèque puis prit à gauche. Finalement la cité était bien plus grande qu'elle ne le pensait. Elle obliqua à nouveau sur la droite et se retrouva dans une petite ruelle. Elle n'avait de mémoire jamais mis les pieds par ici. Curieux hasard de tomber ainsi sur... une ruine !

Un bâtiment de bois, pour le moins vétuste et abandonné depuis... une éternité au moins, se dressait devant elle. A coté de ses portes entrebâillées par l'usure gisait une pancarte poussiéreuse. Elle s'en saisit.

"A l'Ecume Amère, taverne joyeuse des pionniers..."

La drow cligna plusieurs fois des yeux. Elle n'en revenait pas. Une taverne... une taverne ici...

Elle regarda à nouveau les portes et se décida à les franchir. Poussant les deux pans, elle les vit se fracasser au sol dans un grand *BOUM* accompagné de fumée. Elle toussota, se couvrant le nez.

L'intérieur n'était guère plus reluisant que la façade. La poussière recouvrait tout, tables, chaises, piano, comptoir... Elle s'avança vers celui-ci. Glissa un regard au miroir brisé et se pencha vers la réserve de boissons. Rien n'avait bougé, tout était à sa place. Les lieux avaient seulement vu leur fréquentation chuter en masse.

Elle attrapa la première bouteille.

"Rhum... 100 ans d'âge...
Pourquoi pas !?"

Elle se dirigea vers une table, y posa la bouteille puis tira une chaise, dépoussiérant comme elle put. Elle alluma un chandelier et allait s'asseoir quand une idée lui vint. Elle retourna au comptoir, lava six verres et revint s'asseoir.

Les verres et la bouteille luisaient à la lueur de la bougie devant la drow, confortablement installée sur sa chaise.

"Si 5 seigneurs passent devant cette porte avant la naissance d'un nouveau jour, il reste un espoir pour cette ville.
S'ils entrent, elle pourrait même retrouver sa grandeur de jadis.
S'ils boivent de ce rhum, j'ouvre une taverne.
Si personne ne vient par ici, je déserte cette cité fantôme à mon tour."

Murmurant cela, elle se servit un verre. Puis elle resta là le regard fixé vers la porte.

Gizaos un peu perdue dans ses pensées tentait de regagner son domaine. Elle revenait de l'oratoire publique, jadis si animé et fut déçue de n'y avoir trouvé aucun programme électoral digne de ce nom, seul un candidat s'y était manifesté et encore parce qu'elle avait désespérément lancé son SOS...

Au détour d'un chemin, l'humaine pris une impasse qu'elle ne connaissait pas, dans le fond, elle distinguait ce qui semblait être une taverne, la pancarte « A l'Ecume Amère, taverne joyeuse des pionniers...  » avait souffert du manque d'entretien de toute évidence, ce qu'elle constatait du reste de l'établissement paraissait en avoir été privé de longues semaines lui aussi.


Surprise, elle avait arpenté le centre ville bien des fois depuis ces derniers mois, installée dans le royaume de Nawakim depuis prés d'une année, jamais ne s'était rendue compte qu'une taverne y était installée, d'ailleurs, jamais elle n'avait entendu parlé d'un quelconque tenancier.....

Approchant son visage de la fenêtre couverte de poussière grisâtre, elle aperçut de la lumière à l'intérieur. Pourtant aucun feu de semblait animer l'âtre, la cheminée devait elle aussi être inactive depuis bien des lustres.

Elle entendit un son strident s'échappant du fond de la pièce.

Ayant toujours eu pour habitude de ne jamais reculer face au danger, elle se dit qu'elle ne risquait rien si ce n'est tout au plus d'être à son tour digne de prendre un bon bain.

La porte grinçait, elle posa le pied dans la grande salle, patienta quelques secondes que ses yeux s'habituent à la pénombre qui régnait à l'intérieur
Les rideaux, à demi tirés, masquaient le jour tandis qu'elle entendit quelqu'un pousser un juron derrière le comptoir.

La démarche peu assurée elle s'approcha et vit une chose bien peu habituelle....
Une drow semblait affairée à nettoyer la vaisselle, un verre à la main.
Elle l'observait en silence sortir une bouteille du placard, puis disposer des verres sur la table.
La drow arrangeait maintenant des sièges et semblait se ménager un espace au centre de la pièce
La magicienne se décida à s'approcher, leva son sceptre et la poussière disparue de la chaise.
D'une voix qu'elle tentait de rendre enjouée, elle lança un tonitruent

Bonjour, je suis Gizaos, magicienne je viens de l'ile de Yakim, on ne se connait pas il me semble?

Laissant glisser son capuchon, elle s'assit devant un verre que l'étrangère lui tendait, sa main entourée d'un linge, l'humaine compris que l'aide d'un soigneur ne serait pas superflue pour la drow...
A moins que .... Cherchant dans sa besace, elle sortie une fiole verte et la lui tendit...

Il la cherchait depuis la veille, sans la trouver, et comme il ne pouvait lui envoyer de missive pour ce qu'il avait à lui dire, il devait , aidé du fidèle Obock, la trouver lui même.
Mais bon, chercher une telle magicienne en ville, c'est comme tenter de ....aah, il ne savait pas, faire une carte des vents par exemple, Gizaos pouvait etre partout à la fois, le marché des ressources, ou elle était comme chez elle, les coolies l'adulaient, la voyant arriver, ils étaient sur d'une bonne journée de travail bien payé, ou encore au temple, à chuchoter ses incantations mystérieuses, au club de sa guilde, à comploter , bref, elle pouvait etre partout....
en tout cas, il ne s'attendait pas à la voir la dans cette taverne ou il entra, le forgeron du quartier venait de lui en parler, et il voulait s'y faire ouvrir un compte, comme il en avait dans toutes les tavernes. Gyllys était fourbu, une taverne, parfait pour reposer ses petites jambes naines qui n'en pouvaient plus, et se désaltérer.
Bien sur, elle était en conversation, il ne voulait pas etre importun, il attendrait.
Il salua d'un grognement discret, et regarda vers la bouteille sur le comptoir, d'une belle couleur qui promettait.

Un souffle d'air froid fît claquer la porte, tous se retournèrent vers l'entrée...mais un nain était là pour refermer ce qu'il venait d'ouvrir à son corps défendant en soupirant....une chose attira son attention...son œil expert était resté accroché à la bouteille de Rhum sur la table....il se décida a rentrer.

Voyant Gyllys accoudé au bar, il le salua discrètement d'un hochement de tête, puis s'approchant de la table et surtout de la bouteille:

Dame Gizaos mes hommages, cela fait toujours plaisir de vous voir.....vous me présentez votre amie???? La bouteille est à vous???? elle parait d'une excellente année.....

Peu douée pour les taches ménagères qu'elle laissait aux marauds, la drow avait laissé un bout de peau dans les bris de verre. C'est en se bandant la main qu'elle attendit donc, se disant qu'à l'allure où elle décimait ses serfs il lui faudrait sûrement s'atteler à ces basses besognes plus souvent. Elle résolu d'embaucher dans les jours qui suivraient et se perdit dans d'autres réflexions.

Toutefois la première visite ne se fit pas trop attendre. Une humaine entra et vint même partager sa bouteille.

C'était la première fois que la drow voyait ce visage pour le moins troublant. Et la magie qui s'échappait d'elle ne trompait guère sur l'identité de cette dame. Elle se présenta d'elle même laissant Salaha perplexe. Elle avait déjà entendu ce nom qui ne lui rappelait rien de bon...

"Le passé doit rester au passé...", pensa-t-elle, chassant quelques mauvais souvenirs.

Elle accepta la fiole et s'apprêtait d'ailleurs à répondre quand un nain vint à passer la porte pour se rendre au comptoir.

"Voilà bien une attitude de nain, solitaire et grommelant...", se dit-elle.

Là encore, elle n'eut guère le temps de le rappeler à la table, qu'un autre seigneur court sur patte venait vers elles. Visiblement ses deux voisins de table se connaissait. Peu importait dans le fond, ils s'intéressaient à sa bouteille, c'était déjà un bon début.

"Salaha, drow glaciale à ce qu'on en dit.
Plus guerrière que mage et ne traînant pas que des cadavres de bouteilles derrière elle."

Un de ses sourire narquois se figeait sur ses lèvres.

"Je me permets de répondre moi-même, n'ayant eu encore l'occasion de me présenter à votre amie.
Que je remercie pour son efficace potion par ailleurs."

Saisissant une chaise et s'installant Maître Karak:

"mes hommages gente dame tueuse de bouteilles...je suis Maître Karak, Seigneur de Karaz Rill Karak....en principe je préfère les fûts au bouteille.... mais vous avez là une bouteille qui pourrait faire exception..... "

Gizaos tourna la tête voyant apparaître Gyllys, le guerrier semblait fort aise adossé au mur, un verre à la main.

Alors gyllys que me vaut l'honneur?
Tu parais bien surpris de me trouver ici et oui j'avoue c'est assez inhabituel, je ne connaissais pas cet endroit, passant devant par hasard, j'ai choisi de m'y arrêter.
Mais tu sais que j'aime paraître là où on ne m'attend pas....
allons, ne reste pas si loin, prend un siège et installe toi à notre table.

Levant son sceptre elle fit venir à elle une chaise poussièreuse et entrepris de la rendre plus accueillante.

A peine avait elle décider de s'occuper du siège, qu'une voix familière détourna son attention.

Ah Karak, mon ami, que nous vaut l'honneur? Tu es descendu de ta montagne aujourd'hui? Sans doutes des affaires urgentes à régler en ville?
Et non, la bouteille ne m'appartient pas. Cesse donc de lorgner dessus ne te tracasse pas...

Regardant Salaha , la drow avait déjà devancé son désir et remplissait allègrement le troisième verre du nain.

A son tour, portant le verre à ses levres, le rhum semblait plus fort qu'elle ne l'imaginait....
Le breuvage brulant lui arracha une breve inspiration, ces boissons ne sont décidement pas pour elle...

Pui reprenant son souffle, Salaha ... ce nom ne m'est pas inconu.... Il me semble avoir entendu conter vos explois en arènes... Heu... non.... ça ne doit pas être cela, peut être Dante a t il déjà prononcé votre nom devant moi....
Une Wersat non?
N'est ce point vous qui êtes partie en camping récement??
Narrez moi donc cette aventure fabuleuse?

Pour ce qui est de Karak, non nous ne sommes pas voisin, nous aurions pu si toutefois il n'avait pas choisi de quitter yakim il y a maintenant plusieurs mois.
Notre rencontre je ne pourrais vous la conter, il faudrait pour cela qu'on dine ensemble voir même que l'on reste de très longues heures ici pour que je vienne à bout de cette histoire là, or je crains que mon discours ne vous paraisse ennuyeux à terme....

Ce jour, là Ederar c’était rendu à la capitale pour régler quelques affaires urgentes. Il était bien rare qu’il s’y rende. D’ordinaire, il envoyait un de ses émissaires pour ce genre de travail. Il n’aimait guère ces rues sinistres à la fois bondées par les passant et si vide d’animation. Ses affaires réglées, il se dirigeait vers son domaine. Enfin, le croyait-il. Après avoir passé plusieurs intersections de rue, il fini par comprendre qu’il s’était finalement perdu.

- Quel âne je suis, partir dans des rues que je ne connais pas, d’une ville que je ne connais guère plus. Ce dit-il.
Pourquoi n’ai-je pas demandé par avance conseil à quelqu’un d’habitué à ce lieu. Gizaos par exemple, elle aurait pu m’indiquer les rues à prendre. Elle qui connait ces rues comme le fond de sa poche.

Malgré qu’il fût encore tôt, il faisait plutôt lourd. Ederar, qui commençait à avoir soif ce mis alors à la recherche d’un troquet. Peu être pourrait-il en plus y glaner quelques informations pour retrouver sa route.
Pour une raison que lui-même ne saurait déterminer, il prit alors une petite ruelle en coupe gorge. Là il vit une ruine avec une pancarte où l’on pouvait lire « A l'Ecume Amère, taverne joyeuse des pionniers... ».
En voyant la bâtisse, l’elfe eu un léger sourire, ce disant que ce ne serai pas ici qu’il trouverait de quoi étancher sa soif.
Malgré tout, il entendit quelques échos de voix.
- Étrange, comment une telle ruine pourrait-elle encore ouverte ?
Il s’avança dans l’entrée, où gisaient les pans de la porte, à moitié pourri.
Il vit tout d’abord une drow, une bouteille à la main.
- Une elfe noir dans un endroit pareil, voilà qui ne m’étonne guère. Se dit-il avec un léger rictus.
Puis à y regarder de plus près il aperçut également deux nains et plus surprenant que tout, une humaine. Une humaine dont-il reconnaissait bien la robe.
S’avançant dans l’entrée.
- Gizaos ???
Mais que pouvait-elle bien faire dans un endroit aussi sordide ?
En tout cas, il n’y avait pas mieux placé qu’elle pour le sortir de cette ville. Peut être était ce un signe de la providence ?

Alors qu'elle se voyait servir un second verre, Giazos entendit la porte crisser, un nouvel arrivant entrait à son tour. Dans le contrejour de la porte, elle distinguait l'élégante silhouette, à la taille elle reconnu un elfe. Il fit un pas...
-Ederar ….
Ouvrant grand les yeux, heu, était ce l'effet de l'alcool ou la fatigue qui commençait à se faire sentir?
Ébahie, elle était plus que surprise de le trouver en un tel lieu.
-je n'ai pas pour habitude de te voir dans la capitale ? Tu te serais perdu? Tu connaissais cette taverne? Je suis heureuse de te croiser ici, prend un siège et viens avec nous, tu me diras ce qui t'amène.
-Bref laissez moi vous présenter Ederar un ami Tamer, grand guerrier, mais puissant magicien à ses heures perdues.

La taverne se remplissait peu à peu et le Maître Nain trouvait qu'il commençait en y avoir de trop pour lui....

Je vous prie de m'excuser, mais de sombres affaires m'attendent....mon peuple a fort besoin de ressources et les vrai amis ce sont fait rares ces derniers temps....

Même si d’ordinaire, ça fierté l’aurai poussé à nier les fait, Ederar n’avait pas d’autre choix que de reconnaitre qu’il était en effet perdu.

Non Gizaos je ne connais point ce lieu, comme d’ailleurs la majorité des bâtiments de cette ville. Et il me faut bien admettre que je suis bel et bien perdu.
Je n’aurai jamais cru te trouver un jour dans un tel lieu.

Après que la magicienne lui ai présenté les autres occupants de la salle, Ederar ce dirigea vers le tabouret qu’elle lui montrait.
Il n’eu pas le temps de l’atteindre, quand à coup dans un vacarme fracassant, il vit un mort-vivant traverser le toit de la bâtisse pour venir s’écraser sur le sol.
Ederar ne connaissait pas le nouvel arrivant. Il lui rendit son salut, puis observa la scène.
Lorsque le plaisantin eu fini de parler, le guerrier-mage détourna son regard vers la Drow. Il savait les elfes noirs peu commodes et se réjouissait par avance de sa réponse.

Aërynsun arpentait les rues de cette capitale inconnue, pour elle, au milieu de nulle part, à croire que tous les êtres étranges, races et classes confondues s'étaient donnés rendez-vous sur ses terres... Il était tard, elle n'avait guère envie de rentrée chez elle... Elle avait parcouru plusieurs contrées à dos de dragon, elle était à la recherche d'un lieu désert où elle pourrait s'amuser librement incognito sans contrainte protocolaire..Elle était partie, accompagnée d'une escorte réduite. Ergolaas, le Chancelier, l'avait encore convaincu de laisser au moins deux guerriers l'accompagner, pour sa protection, connaissant sa chère cousine pour se mettre dans des situations les plus invraissemblables les unes que les autres...

Cela faisait plus deux heures qu'elle avait semé les deux acolytes qui l'accompagnait... Au croisement d'une rue, elle tomba nez à nez sur eux, un sourire en coin éclaira son visage, ainsi ils l'avaient retrouvée. Elle se mit à rire et détala comme une voleuse avec deux guerriers, à sa poursuite, en rage d'avoir encore failli à leur devoir. Elle n'avait aucun pouvoir sur eux, cette fois-ci, son cousin y avait veillé... Ils avaient carte blanche pour la ramener, au couchée du soleil, coûte que coute, même s'il faillait la ligoter pour cela, hors de question de rentrer sans elle, leur vie en dépendait... Elle était rapide, mais elle sentait que cette fois-ci, elle n'aurait pas le dessus avec ces deux là... Elle aperçut une ruelle déserte, s'y engouffra, peu lui importait l'endroit où ses pas la conduiraient. Elle s'enfonça dans chaque coins sombres, ruelles malfamées, ne relâchant pas la cadence de son pas de course...

Elle s'arrêta enfin pour reprendre son souffle, la fatigue se faisait à présent sentir, la faim, la soif, la tenaillait... La vie au Château l'avait rendue un peu moins vive... Elle poussa un long soupir d'agacement, elle avait une décision à prendre... Adossée les bras croisés contre le mur d'une vieille bâtisse, nommée autrefois "A l'Ecume Amère, taverne joyeuse des pionniers...". Cette Taverne semblait abandonnée, Aërynsun entendit un bruit effroyable, le choc, produit entre le bois et le métal, avait un son indescriptible. Ses sens se mirent en alerte, scrutant les alentours, à l'écoute du moindre bruits suspects... Le son venait de l'intérieur... Sa curiosité l'emporta sur son bon sens qui lui dictait de prendre ses jambes à son cou... Elle se dirigea sans bruit, telle une féline, vers la grande porte qui se mit immédiatement à grincer, lorsqu'elle la poussa à peine, afin de se faufiler à l'intérieur... La pièce était à peine éclairée par des bougies dispersées ci et là, grâce à sa vison elfique, elle put distinguer, sans problème, l'état des lieux. Tout était en ruine, ce bâtiment était inoccupé depuis bien longtemps. Pourtant, il y avait du monde, des visages connus et inconnus la regardèrent, attablés autour d'une bouteille de rhum centenaire, sauf le mort-vivant qui se tenait debout, au mileu de débris de métal et de bois formant un petit monticule, face à eux, couvert de poussière, les cheveux hirsutes,...

Un long silence , des yeux qui l'observaient... Il y a une expression qui dit « on entendait les mouches volées » et bien dans ce bouge il n'y en avait pas... Que devait-elle faire ? Puis dans un mouvement rapide, elle alla s'engouffrer dans un coin sombre... Deux guerriers en colère firent irruption brutalement dans ce vieux bâtiment qui tenait à peine debout... Apparemment, elle n'était pas la seule à avoir entendu le tapage nocturne... Ils dégainèrent leurs épées, regardèrent l'assembée présente, puis l'un des deux fit un unique pas, en direction des étrangers, pendant que l'autre scrutait la moindre parcelle, ou, recoin de la pièce comme s'il était à la recherche de quelqu'un ou de quelque chose... Ils étaient de fiers Hauts Elfes, guerriers NOLDOR, arrogants imbus d'eux-même... Sur leurs armures arboreraient fièrement les armoiries de la Garde Royal de la Maison B'ELANNAË...

- «Nous ne cherchons point querelle, nous sommes à la poursuite d'une jeune fugitive elfe... Laissez nous passer au cribe ce bouge en paix et il ne vous sera fait aucun mal... Peu importe ce que vous verrez ceci ne vous concerne en rien...» dit-il avec une arrogance non dissimulée

Les occupants de la taverne observèrent sans rien dire les deux idiots devant eux, chacun imaginant sans doute le meilleur moyen d'occire ces deux prétentieux ou alors peut être se demandaient-t-ils lequel d'entre eux serait le plus rapide pour les faire disparître d'un seul geste... Une tension se fit sentir... L'autre guerrier s'approcha de son supérieur

- « La Princesse Aërynsun n'est point ici... Nous devrions sortir de cet endroit infecte au plus vite... Nous perdons notre temps, ces manants ne l'ont surement pas rencontrée ni vue... Regardez comme c'est endroit est immonde, la princ.... » mais déjà son supérieur lui coupa la parole

« Taisez-vous Sölmaaz, soyez prudent dans le choix de vos mots, nul de doit savoir l'identité notre chère fugitive... »

Le capitaine de la Garde Royal jeta un dernier coup furtif au alentour, puis commença à reculer, sans quitter le regard froid et indifférent des hôtes de la taverne. Puis dans la seconde ils quittèrent la taverne comme ils étaient arrivés...

Au bout de quelques minutes Aërynsun réapparut au dessus d'une armoire qui tenait à peine debout, elle sauta avec grâce et atterrit sans bruit tel un félin vers la porte. Puis, elle se dirigea vers le mur près de l'entrée, un épais vieux rideau noir miteux semblait recouvrir les murs du taudis. L'elfe tira celui-ci d'un coup sec laissant apparaître une baie vitrée dont il manquait un morceau de vitre, passa sa tête, au travers, pour voir s'ils étaient toujours dans les parages, un léger rire charmant se fit entendre... Elle se redressa, referma le rideau, replongeant la pièce dans une semi-obscurité, satisfaite de son manège infantile... Elle enleva son casque de guerrière, laissant apparaître, sa longue chevelure couleur de jais qui tombèrent sur ses épaules, recouvrant son dos, masquant une partie de son visage. Elle fit un léger mouvement de tête gracieux qui dégagea celui-ci, laissant apparaître son regard intense bleu cyan...

Cette Elfe NOLDOR dotée d'une beauté extraordinaire dont le regard malicieux avait ce petit quelque chose qui en avait troublé plus d'un. Aërynsun était l'exception qui confirmait la règle, son comportement ne ressemblait en rien à celle d'un Elfe, bien que morphologiquement son aspect était celui d'une Elfe NOLDOR, son caractère en revanche se rapprochait plus à celui des humains...

La drow leva les yeux au ciel devant la présentation pompeuse de son vieil ami, toutefois n'eut le temps de répliquer qu'une jeune inconnue en armure faisait son apparition dans la pièce. Un silence de mort régna quelque instant, de ces silences gênant que tous détestaient et qu'elle affectionnait tant. Elle fixait la nouvelle venue de son regard rouge, tant vif que sombre, pénétrant. Ne parvenait pourtant à percer à jour son identité, point même sa race. Il y avait en cette créature bien étrange conflit.

Nul n'eut le temps de briser la glace. L'étrangère disparut dans l'ombre quand deux guerriers entraient à leur tour.

Les Noldor et leur arrogance...
Pas étonnant qu'une si frêle créature échappe à deux nigauds pareil[/b], pensa Salaha quand le premier s'exprima.

Ils examinaient la pièce sans grand succès, elle ne regardait qu'eux. Dans son esprit se succédaient tortures et supplices divers, sacrifices et repas morbides... Elle les imaginait tantôt en brochette, tantôt dansant au bout d'une corde.

Le supérieur, dépecé et dans la marmite...
Non... directement dans la marmite...

Le second en brochette...

Peut-être le découper avant...

Leur arracher le coeur...

Non... du déjà vu...

Hummm...

Peut-être les scorpions...

Et voilà que le second des deux idiots ouvrait à son tour son clapet révélant enfin l'identité, finalement sans grande importance, de l'elfe farceuse. Une princesse elfe de plus... voilà qui laissait la drow sur sa faim.

Décidément, c'est une invasion.
Qu'ont-ils tous à sortir des bois...

L'autre nigaud rajouta de sa stupidité en arrêtant son sous-fifre pour un mot déjà prononcé quelques secondes plus tôt. Elle soupira devant pareil spectacle comique, quelque part rassurée de ne point avoir la plus stupide armée de ces terres.

Les gardes repartaient, laissant une fois de plus son estomac creux. Néanmoins en pareille compagnie, elle n'aurait pu faire autrement. Nul besoin de choquer la galerie, les préjugés suffisaient amplement à garder ces seigneurs distants.

Quand la princesse tira les rideaux, Salaha eut envie de l'étriper pour la lueur qui l'aveuglait. Enfin, pouvait-on en vouloir à naïve en fuite ? L'elfe se décida enfin à dévoiler ce visage par son casque jusque là masqué.

"Si mes oreilles ne me jouent point de tour,
Vous êtes donc Aërynsun.
Princesse, si l'on en croit ces deux benêts.
Quelle affaire peut bien amener une elfe Noldor, de sang noble de surcroît, à échapper à sa garde pour se retrouver en pareil lieu ?"

La mine dubitative, toutefois d'une froideur impassible, elle dévisageait la princesse.

Cela faisait une éternité que Diabloca n'avait pas mis les pieds dans une ville.
Mais elle avait eu quelques achats à faire, et maintenant, elle prenait le chemin du retour vers son chateau.
Quand soudain, surgissant d'une ruelle semblant pourtant déserte, deux Noldor en armure.
Ils la scrutèrent, puis gromelant, poursuivirent leur chemin.

D'où pouvaient ils donc sortir, se demanda t'elle? Elle examina la ruelle avec attention. Apparement, rien ne semblait pouvoir attirer ces deux là dans ce coin mal famé.

Sa curiosité étant éveillée, elle s'engagea entre les habitations désertes, les sens en éveil.

Elle finit par entendre des voix. Elle s'approcha et put lire sur une échope délabrée:

A l'écume amere, taverne joyeuse des pionniers.

Le batiment semblait menacer de tomber en ruine, pourtant, c'était bien de là que venait les discutions.

Elle entra, pour tomber sur des visages connus et inconnus. Tous regardant une elfe, son entrée passa quasiment innaperçue.

Aërynsun posa son casque sur une table devant elle, observant les individus présents dans la pièce.

« ?!? Ainsi, me voici découverte ! » répondit-elle les mains sur les hanches, suivit d'un petit rire moqueur.

Elle s'avança droit vers la drow qui la fixait avec insistance, puis s'arrêta devant Messire Bossan, chef des Wersats

« ?!? Tiens tiens, vous ici, quelle heureuse surprise... Je suppose que vous êtes l'auteur de ce vacarme assourdissant hi hi hi !... J'aurai aimé assister à cette entrée spectaculaire... Hi hi hi hi ! »

Elle l'observa une minute, puis se mit à rire, en voyant le trou béant laisser par le Wersat.

Elle salua de la tête Messire Gyllys attablé au bar, sirotant son verre tranquillement, celui-ci détourna la tête, désintéressé par cette elfe Nordor, peu lui importait d'où elle pouvait venir ou son appartenance...

Elle fit un détour vers Messire Ederar, lui donna un baiser sur sa joue d'elfe avec une telle insolence que même Dame Gizaos regarda sa jeune soeur de coeur de travers... Mais celle-ci se radoucit aussitôt que l'effrontée lui fit une accolade fraternel. La drow, nommée Salaha, ne quittait toujours pas des yeux l'elfe sans gène...

Aërynsun défia la drow en soutenant son regard, puis, les yeux pleins de malice lui dit.

« ?!? Comment se fait-il que vous connaissiez mon nom ?!? Intéressante cette manière de me regarder... hi hi hi … Pour ce qui est de ma présence dans un endroit lugubre comme celui-ci et bien ma foi, voici ce qui arrive lorsque je me rebelle contre mon cher cousin contraint d'user contre moi la manière forte, mais je n'ai pas encore dit mon dernier mot... Puis-je me joindre à vous ?!? Où est ce une réunion privée ?!?... »

Elle sortit de sa besace une pêche, fit une grimace en la regardant, la dernière, haussa les épaules, croqua le fruit juteux à pleine dent...

La bouteille glissa sur la table en direction de l'elfe moqueuse, Aërynsun la saisit de justesse hésitant à stopper sa course vers le sol. Elle examina la bouteille, l'approcha de ses narines pour en humer l'odeur. Elle fit une grimace, la tendit vers Bossan avec un sourire jusqu'aux oreilles. La drow, désintéressée aux fredaines d'une jeune effrontée, était déjà partie vers d'autres occupations plus intéressantes....

« Ergolaas est mon cousin ainsi que mon tuteur depuis ma récente réapparition... Disons qu'il me surprotège depuis qu'un cornu avait décidé de faire de ma tête un ornement au bout de sa lance sacré, il y a une semaine. Eh oui, depuis cet évenement, me voilà contrainte d'avoir des gardes et de rentrer à une certaine heure, lors de mes escapades noctures... Ce malin s'est débrouillé pour m'imposer des gardes sur lequel je n'ai aucun pouvoir... Sauf celui de leur échapper hi hi hi hi... Bref je ne vais pas vous ennuyer avec mes problèmes de rébellions... »

Alors que Grominus disparaissait dans les cuisines, un jeune elfe en habits de page sortir de l'ombre là où le bedonnant intendant se trouvait quelques secondes plus tôt. L'enfant, de ses quelques 1m20 de haut, dévisageait l'assemblée de son regard narquois. Élégant dans sa tenue comme dans sa posture, une arrogance prononcée émanait de lui. Il portait sur l'épaule un sac bien trop gros pour lui, toutefois sans difficulté aucune.

Il s'avança un peu plus, posa son fardeau, et s'inclina légèrement en un salut peu respectueux au regard de la caste des seigneurs qui se trouvaient là. Puis adressant un regard soumis à la drow.

"L'intendant, soucieux de l'absence de sa Froideur, m'a demandé d'arpenter les rues à sa recherche à mon retour du marché."

La marmite fut bientôt posée sur le feu.

"N'est-ce point l'heure du repas qui se fait sentir ?", demanda-t-elle à l'assemblée.

Puis se tourna vers son page.

"Sors donc ce qui se trouve dans ta besace.
Cette marmite ne demande qu'à être remplie et nos estomacs aussi.

Je suis page, moi !
Pas cuisinier !

Vraiment !?

Comme il plaira à sa Froideur."

Il se dirigea vers la marmite où l'eau se réchauffait à peine. Il prit soin de faire un peu de ménage sur une table et sortit du sac enchanté ce qu'il fallait. De la viande de coutoreux et des légumes variés se retrouvèrent ainsi étalés. Maladroitement il s'attela à les couper pour préparer un bon ragoût, enfin il espérait qu'il serait bon.

Mais déjà derrière lui la voix exigeante reprenait.

"Les verres se vident et ne se rempliront point seuls."

Le bambin laissa sa tâche un instant, passa derrière le comptoir, ramena des verres pour ceux qui en manquaient et servit tout le monde, ouvrant une autre bouteille. Il retourna ensuite à son ragoût, soucieux de satisfaire celle qui d'un claquement de doigt pouvait chaque instant décider de son sort.

La drow, elle, pensait déjà à son stupide pari. Il lui faudrait maintenant ouvrir une auberge. Elle qui manquait déjà de serviteurs, où en trouver de nouveaux ?