L'histoire de la Guilde des Archanges

Il était une fois…

Le soleil pur de Nawakim illuminait les plaines verdoyantes de l’île de Takim. Le printemps allait bientôt faire place à l’été. Cycle éternel des saisons qui emplissait de joie le cœur des fermiers. Une douce brise faisait bruisser les feuilles des arbres géants. Tandis que les rongeurs innocents vaquaient à leurs occupations, les oiseaux de paradis chantaient dans les branches couvertes de fruits savoureux. Les monstres légendaires semblaient avoir pris acte de la tranquillité de cette après midi enchantée et même les abeilles tueuses ne paraissaient vouloir troubler la quiétude qui s’emparait progressivement des habitants de l’île la plus pacifique du monde de Nawakim. Tous se trompaient pourtant. Un drame était sur le point de se jouer dans l’indifférence générale d’une population trop occupée à gérer ses tâches journalières.
Le cœur battant à tout rompre, la princesse Cassis Fleur jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Elle ne les distinguait pas encore mais elle les sentait approcher. Le hurlement des chiens de guerre lui vrillait les tympans comme des aiguilles acérées. Depuis combien de temps les fuyait-elle ? Elle ne le savait. Ses jambes la torturaient tellement que des larmes de douleur embuaient ses yeux verts. Sa monture n’avait pu tenir la cadence de sa fuite effrénée et avait trébuchée sur une branche. A cette pensée, une vague de tristesse envahit la princesse elfe. Iris des Rosées, une licorne offerte par son père avait buté sur une simple brindille. La terreur l’avait rendue folle et la pauvre bête, prise de panique à l’approche des molosses enragés, avait oublié qu’elle avait gagné tous les concours d’obstacles des royaumes de Nawakim. Une nouvelle bouffée d’émotion l’envahit à la pensée de son pauvre père. Mais pourquoi avait-il fallu que cela arrive ? Pourquoi ces affreux orcs avaient-ils décidé de mettre à sac le château millénaire qui avait vu naître des générations de Cassis ? Elle revit son père, épée ensanglantée à la main, la pousser dans le passage secret qui menait aux écuries royales. Dans ses oreilles résonnait encore la dernière phrase de celui qui l’avait chéri pendant des dizaines d’années « Cours Fleur, les orcs arrivent ! Nous ne pourrons pas les retenir plus longtemps ! »
Faisant fi de ses questions sans réponses, la princesse reporta son attention sur le relief devant elle. Ce serait trop stupide de trébucher maintenant sur une pierre et de finir en pièces sous les crocs dégoulinant de bave des chiens de guerre orc.
Debout sur un créneau de la plus haute tour du château des Cassis, le prince renégat tentait d’apercevoir sa sœur. Cette petite peste avait réussir à s’enfuir ! Décidément son coup d’état prenait l’eau de toute part. Quelle idée avait-il eu de s’associer avec ces maudites créatures ! D’un autre coté, personne n’avait voulu le suivre dans sa tentative de destituer son père… Ah si seulement il était né quelques secondes avant sa sœur jumelle ! Si la nature avait fait son travail, ce serait lui le prétendant au trône impérial ! Et non pas sa stupide sœur, héritière d’un royaume pour quelques secondes de vie supplémentaires… Un grognement le ramena sur terre. Un orc immense s’approchait de lui. Le traître frissonna malgré lui devant la silhouette terrible de cette créature sortie de ses pires cauchemars. Les orcs terrorisaient tous les royaumes de Nawakim depuis la nuit des temps sans que personne ne sache vraiment pourquoi… Certains disaient qu’ils n’étaient que le produit raté d’une expérience elfique malheureuse et que depuis ils cherchaient à se venger… mais tout cela n’était sans doute que des racontars de bonnes femmes…
Le prince frissonna malgré lui, la créature qui se tenait devant lui le dépassait de deux bonnes têtes, et pourtant il était debout sur un créneau! Ses muscles roulaient sous ses vêtements, prêt à briser les os de ceux qui oseraient se dresser sur son chemin. Une immense hache rougie par le sang de quelques soldats elfes trônait dans sa main. Le prince se redressa de toute sa taille et demanda d’un ton prudent. Pas question de vexer ce seigneur orc …
- Avez-vous retrouvé ma sœur, seigneur Dagrow ?
- Elle s’est échappée ! Mais j’ai lancé une patrouille à sa recherche !
- Bien, bien. Elle ne devrait pas aller bien loin… Allez donc voir mon scribe pour toucher votre prime.
L’orc poussa un grognement satisfait, et, en s’éloignant, lança :
- Au fait, votre père est mort !
Le prince ne cilla pas. Depuis longtemps déjà il souhaitait la disparition de sa famille…

La suite de l’histoire de la Guilde des Archanges au prochain numéro ! (Quand j’aurai le temps de l’écrire quoi… si cela intéresse encore quelqu’un !)