Quand leszans échoua aux Royaumes de NAWAKIM

[i] Je vais vous narrer mon histoire.
Elle ne plaira pas à tous, mais j'espère qu'elle pourra aider (sans divulguer mes secrets) tous ceux qui auront assez de curiosité et qui viendront, un jour s'échouer aux Royaumes de NAWAKIM, ainsi qu'aux plus anciens qui auront plaisir ou s'amuseront de mes péripéties.

Cette histoire est la mienne. Je n'ai certainement pas fait tout ce qu'il fallait comme il le fallait. J'ai commis des erreurs mais, seuls ceux qui ne font rien, n'en commettent pas.

Pourtant, si certains lecteurs, plus anciens et plus compétents que moi, se rendent compte que je risque d'aller droit dans le mur, se permettent de me donner des conseils avisés, je les en remercierais. Ma sagesse m'oblige à penser que tout conseil est bon à prendre.

Voici mon histoire...

En ces temps reculés, la terre était peuplée de toutes sortes de créatures.
Des humains, bien sûr, mais aussi des elfes, des nains, des orcs, des morts-vivants et autres... Pardon pour ceux que j'ai oublié mais il y en avait tant ...
Malheureusement, il y avait aussi des monstres, d'horribles monstres méchants et hargneux. Ils étaient bien plus nombreux que toutes les autres créatures réunies, même en comptant certaines créatures ressemblant parfois bien plus à des monstres que les monstres eux-mêmes.

Bref, c'est en ces temps reculés que je naquis. Mes parents m'ont appelé leszans, j'étais une petite elfe adorable pour eux, bien sûr, mais laide, vraiment très laide comme le sont tous les elfes. Mes parents, eux ne voyait qu'une adorable gamine, pleine d'énergie et décidèrent de m'élever le mieux possible, m'apprenant à réfléchir et à ce qu'est le don de soi. En un mot, ils souhaitaient m'apprendre la sagesse.

C'est la raison pour laquelle, à l'age de sept ans, ils décidèrent de m'emmener dans une contrée lointaine où nous pourrions vivre tous les 3, heureux et libres. Pour cela, il nous fallut prendre un bateau et naviguer pendant des jours et des nuits, cap au sud. Ma mère, lazante, ne savait pas nager et appréhendait ce si long voyage, mais pour sa fille et poussé par son mari, lezan, elle se résigna.

C'est ainsi, qu'en ces temps reculés, nous primes, tous 3, la mer vers de nouveaux horizons et avec le grand espoir de vivre une vie d'elfe, une vie de sagesse et de don de soi.

Mais, le Destin tourne, parfois, le dos aux rêves les plus grands.
L'orage menaçant tourna à l'ouragan et le petit bateau fut secoué en tous sens. Lezan sentit que leur dernière heure était arrivée. Il me prit sur ses genoux et tenta de m'apprendre tout ce qu'il put, avant qu'il ne soit trop tard. Il me parla de sagesse, de réflexion et surtout de courage.
Ma mère, lazante, compris le message silencieux de son mari, et à son tour, me prit dans ses bras et me souffla, à l'oreille, la ruse et tous ses secrets de magicienne.
Moi, pauvre elfe de 7 ans, j'avais beau me concentrer, je ne pouvais retenir tout ce qu'ils me disaient. Ils essayaient de m'apprendre tellement de choses en même temps et si rapidement ! les mots se gravaient dans mon cerveau mais je n'en comprenais pas tout le sens. Peu importe, mes parents savaient que si je survivais à cet ouragan, tout ce qu'ils avaient pu me dire me servirait un jour. Alors, chacun son tour, parfois ensemble, dans un débit rapide et saccadé, ils m'enseignèrent tout ce qu'ils pouvaient.

L'ouragan fut de plus en plus violent et le petit bateau finit par se casser par le milieu et coula à pic. Lazante disparut la première, elle ne savait pas nager. Lezan m'aida du mieux qu'il put et finit, lui aussi, par disparaitre, avalé par une vague monstrueuse dont il ne réapparut jamais.
Pauvre leszans, pauvre elfe, je me retrouvais seule, toute petite dans cette mer démontée et malveillante.
Je crus aussi, vivre mes dernières minutes. Mais les enfants, contrairement aux adultes, ne se rendent pas toujours compte du danger et dans mon innocence, je me suis mise sur le dos et je me laissais malmener par l'océan sans me débattre ni combattre, ne pensant qu'à mes parents, que je ne reverrais plus.
C'est peut-être cette insouciance qui me sauva.

Les vagues, d'abord monstrueuses se firent moins violentes puis me bercèrent avec plus de douceur, de sorte que je m'endormis.
Ce sont de douces vaguelettes qui me transportèrent jusqu'au rivage.
Là, dans une demie torpeur, je soupçonnais être saine et sauve.
La fatigue de ce naufrage fut telle, que je sombrai dans un sommeil lourd rempli de cauchemars et de tristesse mais pourtant réparateur.
Je n'eus ni le temps ni l'envie de penser à demain.

DEMAIN SERAIT UN AUTRE JOUR...

C'est le soleil qui me réveilla en ce premier jour sur l'ile. Des rayons puissants et chauds. Mais quand mon esprit devint clair, je pris la mesure de la réalité.
J'étais toute seule, perdue dans une contrée inconnue. Mes pensées, un peu floues, revécurent ces dernières heures. Je me mis à penser à mes parents, ils n'auraient pas voulu que je reste là à me laisser mourir. Je m'assis et posément, je réfléchis.

Avant tout, il fallait trouver de quoi me nourrir et m'abriter. Sage décision, car dès que je fis quelques pas, des monstres surgirent de partout. Certains n'étaient pas vraiment méchants à première vue, mais d'autres, par contre étaient franchement effrayants. Pour l'instant, je ne m'avisai pas de les combattre. La sagesse légendaire de mon père me commanda la prudence. D'abord, étudier l'endroit et les monstres qui y vivaient. Il serait temps, ensuite, de les combattre , quand mes forces seraient suffisantes.

Je passai ma première journée à étudier les lieux. Mes parents avaient souhaité une vie meilleure, j'allais tout faire pour réaliser leur rêve.
Je me mis en quête de l'endroit idéal pour m'installer. Un lopin de terre libre et vierge où je pourrais, par mon courage, construire un petit logis.
Je traversai des villages, admirai les châteaux déjà construits, remarquai les carrières, boutiques et usines et écoutai tout ce que je pouvais glaner comme informations.

Quand vint le soir, je cherchai un coin tranquille pour m'abriter et passer la nuit. (Je n'avais pas encore tout enregistrer). Je m'installai donc en pleine nature derrière un bosquet où il n'y avait pas de monstres.

Avant de m'endormir, je décidai que le lendemain, mon but serait de trouver enfin un terrain, de m'y installer et de poser les premières pierres. J'espérais secrètement mais sincèrement que je pourrais, moi aussi, avoir un château...

Le soleil commençait à se cacher. La nuit tombait en silence. Le sommeil me gagnait. Quelle journée bizarre !... Mais demain apporterait, à nouveau, son lot de joie et de peines...

DEMAIN SERAIT UN AUTRE JOUR

Ce sont les bruits alentours qui me réveillèrent en ce deuxième matin. Il était très tôt, le soleil encore voilé par la brume matinale, me réconforta. Malgré toutes mes angoisses, j'avais bien dormi.

Quelques fruits, récoltés ça et là, que j'avalai tout en marchant, me remplirent l'estomac. Mon énergie naturelle m'apporta l'optimisme de la jeunesse. Et la Chance fut, ce matin là, au rendez-vous.

Devant moi, s'étalait un coin charmant, entourés de domaines, ni trop lointains, ni trop proches. C'était là, j'en étais sure, que s'élèverait bientôt ma demeure.
Je remontai mes manches et me mis au travail. Les fondations, d'abord, je creusai, creusai et creusai encore. La Chance était bien au rendez-vous !!!
D'abord, je trouvai de belles pierres pour les murs, puis de très beaux morceaux de bois pour la charpente et enfin, un petit pécule de pièces d'or !

Je pensais construire un logis confortable mais à mon échelle (je n'étais qu'une elfe, une classe inférieure) et de ma condition (je n'étais encore qu'une enfant), mais là, devant ce trésor étalé à mes pieds que je venais de déterrer, j'allais pouvoir construire un château, un vrai ! et peut-être même un bâtiment annexe pour y produire des ressources, comme je l'avais vu en traversant tous ces villages.

C'était décidé, je serais mage comme ma mère lazante. Elle était rusée et sage et mes parents m'avaient enseigné le don de soi. J'avais tout pour réussir et si le Destin, cette fois, voulais bien m'aider...

Je passai ma journée (la seconde sur cette ile que je ne connaissais pas encore) à construire pierre par pierre. En premier lieu, ma demeure puis un camp de bûcherons (j'en avais croisé beaucoup, cela devait sûrement être important). Je ne savais pas encore à quoi il pourrait me servir mais mon instinct me disait que je devais le faire.

Quand le soleil commença à décliner, ce soir là, j'étais épuisée mais heureuse. Cette journée m'avait apporté bien plus que je ne l'avais espéré.
Après un brin de toilette, je fis le tour du propriétaire. C'était vraiment un château qui se dressait devant moi, et j'avoue qu'à cet instant, j'étais très fière de moi !

J'admirai mon bien et je décidai de dormir chez moi.
Bien que ravie, je fus très surprise de constater que je devais payer pour dormir dans mon propre château, mais bon, c'était mieux que dormir à la belle étoile, comme la veille !

En me promenant sur mes terres, je rencontrai quelques monstres, ils n'avaient vraiment pas froid aux yeux! Certains étaient trop gros ou trop puissants pour moi, mais soudain, je rencontrai quelques épouvantails.
Mon courage, transmis par mon père, m'incita à me confronter à ces monstres, un peu minables. J'en tuai un et surprise ! il avait sur lui quelques pièces d'or (de quoi augmenter mon petit butin). La bagarre fut vite terminée !
Enhardie par cette victoire un peu facile, je décidai de tuer les six autres venus en renfort. Ces épouvantails étaient riches finalement. Certains, même, me laissèrent un petit souvenir que je conservai précieusement à l'abri dans mon château. Mais le plus intéressant, c'est qu'ils m'apportèrent tous un peu d'expérience. La mienne grandissait tandis qu'ils périssaient. Ainsi va la vie : rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme !

Je dormis paisiblement dans mon château. Des rêves plein la tête et avec l'espoir que demain, je pourrais construire encore et acquérir de nouvelles expériences....

DEMAIN SERAIT UN NOUVEAU JOUR

Ce matin là, (le matin du troisième jour), je ne fus pas réveillée par le soleil ni par les bruits lointains des alentours, mais par le son très proche des scies et des haches. Je réalisai que le camp de bûcherons devait être en pleine effervescence.

D'un bond, je fus debout, j'avais fait le plein de forces.
Aujourd'hui, construction d'une carrière, d'un dépôt et de quelques sentiers pour faciliter les déplacements.

Après réflexion, je me dis que tant de ressources pouvaient attirer les rôdeurs et les voleurs.
Il fallait penser à protéger tous ces biens qui avaient demandé tant de patience, de courage et de fatigue. Sans compter les pierres et le bois que j'avais trouvés la veille et pas mal de pièces d'or !
Un camp d'archerie serait le bien-venu, dans un premier temps !
Aujourd'hui, je ne devais pas lésiner sur le travail.

Et ce qui fut dit, fut fait !!!

Je mis tous les ouvriers au travail et décidai d'aller visiter, plus avant, les territoires de l'ile.
Un tour au port, puis des rencontres inattendues. Certains me demandèrent des services, en échange desquels, ils me promirent de m'apprendre quelques sorts. Pour une magicienne (celle que j'espérais secrètement devenir) c'était une aubaine !

Mon sens du don de soi me fit accepter plusieurs quêtes. La Chance mais aussi la réflexion me permirent d'en venir à bout et je fus récompensée comme on me l'avait promis.
Une seule quête me restait. Je devais pour l'accomplir, m'attaquer à de trop gros monstres pour moi. Je devais donc acquérir d'autres expériences et progresser dans les niveaux pour rendre ces services.
Je mis mon temps et mon talent à combattre des monstres à ma taille pour progresser.

Cela me fatigua beaucoup et à la tombée de la nuit, je décidai de trouver un refuge. J'étais trop loin du château.
En traversant différents domaines seigneuriaux, j'avais appris que je pouvais demander gite dans les châteaux que je traversais. C'est ce que je fis en ce troisième soir. Cette chambre me coûterait d'ailleurs moins cher que de dormir dans mon château ! Mais je devais impérativement la libérer le lendemain. Mon pécule était suffisant. Je pris donc une chambre dans le château d'un Seigneur que je n'eus pas le plaisir de rencontrer.

Seule dans cette chambre, j'espérais que dans mon propre château, les travaux avançaient bien sans moi.
Je me disais aussi que pour lancer d'autres constructions, il me faudrait conquérir plus de place, augmenter mon territoire.
Je ne voulais pas entrer en guerre avec mes voisins. Je n'en avais d'ailleurs pas les moyens. Ma petite armée d'archers était ridicule.
Il me fallait conquérir des territoires vierges, mais les gens du cru allaient-ils se laisser faire sans riposter ?
Il me fallait sûrement rentrer au plus vite au château, je devais voir sur place comment il fallait faire !
Sur le chemin du retour, je trouverais sûrement des informations...

Je m'endormis tard, ce soir là, la tête un peu confuse, pleine de questions sans réponses et d'angoisses qu'il me faudrait apaiser demain....

DEMAIN SERAIT UN AUTRE JOUR

Lorsque je sortis des limbes du sommeil, en ce matin du quatrième jour, toutes les questions de la veille me revinrent en bloc et un peu confusément.
Trop de questions, pas assez de réponses.
Avant de prendre une décision que je pourrais amèrement regretter plus tard, je décidai de prendre le plus de renseignements possibles. Alors, je fis la liste de tout ce que je devais apprendre.

Ma sagesse me dictait : écouter les Anciens avant de poser des questions à tort et à travers...
Mon courage me dictait : combattre les monstres pour récupérer leurs biens et prendre de l'expérience et des galons indispensables à ma progression...
Ma ruse me dictait : mieux vaut attaquer les petits monstres que de se faire écharper...
Quant à mon instinct, il me dictait : si l'on reste discret et l'esprit ouvert, on en apprend bien plus qu'en se montrant arrogant et prétentieux...

J'étais prête à partir, mais avant, il me fallait laisser un petit mot de remerciements au Seigneur des lieux, mon hôte pour la nuit.
Cordialité ne nuit pas !!!

Je savais déjà que ma journée serait difficile.
Chasser des monstres, traverser l'ile, m'arrêter et prêter l'oreille à tout ce que je pourrais entendre sur les grand-places que je traverserais, entrer et écouter les " Anciens " dans les forums, me tenir prête à aider lors d'une quête, et, surtout, enregistrer et analyser tout ce que je pourrais découvrir.
Mon bloc-note, que j'avais pris la précaution d'emporter, me serait très utile.
Je savais aussi que je ne serais pas de retour dans mon château le soir même. Il me faudrait beaucoup de temps pour traverser l'ile et explorer la contrée.
Le voyage serait long mais certainement très éducatif. Ne dit-on pas : " les voyages forment la jeunesse " !
Il me faudrait aussi prendre le temps de me reposer. Mon pécule était suffisant pour m'offrir quelques nuits d'hébergement. Dans ce genre de voyages, il ne faut jamais négliger les moments de repos. Ne dit-on pas : " qui veut voyager loin, ménage sa monture " !
Et enfin, il faudrait se battre encore et toujours. C'était le seul moyen que je connaissais, pour l'instant, pour gagner quelques pièces d'or et récolter quelques objets ou flacons laissés par les monstres et acquérir l'expérience me permettant de m'élever dans l'échelle des valeurs.

En cette quatrième journée, je réalisais que je n'étais plus la petite elfe de mes parents. Ces quatre jours m'avaient obligée à grandir plus vite, à être plus forte et plus audacieuse. Mais je savais aussi qu'un soutien me serait agréable et nécessaire. Je devais me renseigner...

Je partis donc, l'estomac un peu serré mais bien décidée à apprendre. Mon bloc-note en mains, les sorts (donnés en échange de menus services) bien appris, je me lançai dans l'aventure.

Après quelques kilomètres avalés, quelques monstres abattus, quelques expériences réalisées, quelques grand-places et forums traversés, je fus si exténuée qu'il ne me restait plus beaucoup de forces, juste de quoi aller dans la première auberge venue.
J'avais appris durant la journée que l'on pouvait aussi se reposer dans les auberges. On dormait mieux, certaines étaient même de très grand luxe. La récupération était plus rapide et j'avais grand besoin de confort et de réconfort.

J'avais également appris que je pouvais agrandir mon domaine sans être sur place, je disposais de troupes de volontaires militaires et je pouvais donner l'assaut à distance.
Dès demain, j'agrandirais mon domaine,
Dès demain, je construirais d'autres bâtiments,
Dès demain j'en apprendrais plus sur ces troupes de volontaires,
Dès demain, je me renseignerais sur la façon d'enrôler d'autres recrues,
Dès demain, j'essaierais de comprendre comment gérer mes camps d'entrainement.
Demain, demain, demain...
et je m'endormis, ivre de fatigue....

DEMAIN SERAIT UN AUTRE JOUR

Le matin du cinquième jour me trouva en pleine forme. Santé au beau fixe, remontée à bloc et les réponses aux questions de la veille bien rangées dans ma petite tête. Ne dit-on pas : " la nuit porte conseil " !

En ce cinquième jour, je devais envisager deux assauts, construire la mine de fer et peut-être une autre..., gérer mes troupes et les entrainer...

Le premier assaut fut lancé, quelques pertes furent à déplorer mais le domaine fut agrandi et la mine de fer vit le jour.
L'entrainement des troupes fut plus long et difficile. Il faudra plusieurs jours pour tous les contingents.

Plus tard, en fin d'après midi, le second assaut fut ordonné. Encore quelques pertes mais le territoire prenait de l'ampleur, une mine de graphite sortit de terre.

Je compris, enfin, que je ne pouvais enrôler et entrainer que des archers puisqu'il n'existait, en mon château, rien d'autre qu'un camp d'archerie !!!
Il fallait que cela change... et risquer, du même coup, de perdre encore des bénévoles.

L'infanterie était intacte mais la cavalerie avait perdu six elfes émérites. L'artillerie, la moitié de son contingent. Quant à l'archerie, certains disparurent à jamais mais des volontaires avaient rejoint les rangs.

Je savais d'instinct qu'il fallait remédier aux problèmes des artilleurs, ce sont eux qui avaient subi les plus lourdes pertes... Mais je n'étais pas formée dans le domaine militaire, mes parents n'étaient que de simples elfes mages. Je commençais à envisager une alliance, contacter une guilde me semblait intéressant pour aider, si je pouvais, et recevoir quelques conseils avisés.

J'avais appris, au travers de mes déplacements, qu'un bon nombre de guildes vivaient aux Royaumes de Nawakim. Mais laquelle choisir ?
Certaines (d'après les " on-dit ") n'existaient plus réellement, d'autres ne donnaient pas suffisamment de détails et d'informations :
Acceptaient-elles les elfes ?
Acceptaient-elles les jeunes ?
Et les insulaires de Wakim ?

Pauvre de moi, pour obtenir tous ces renseignements et postuler, je ne pouvais envoyer qu'une missive très légère de deux lignes et demies. Les pigeons voyageurs ne portent pas de lourdes charges !
Comment prendre connaissance de tous les détails dont j'avais besoin en si peu de mots ? Comment me présenter ?

J'avais porté mon dévolu sur la guilde de certains Seigneurs, dont Maitre K en était le chef incontesté.
Je décidai de lui adresser mon meilleur pigeon mais ma missive était sûrement trop longue, elle n'arriverait peut-être pas en entier à Maitre K. Tant pis, je devais tenter. J'espérais bien recevoir une réponse, ce qui me donnerait le moyen de m'expliquer davantage ou une adresse qui me donnerait la possibilité de me présenter personnellement.
Je décidai d'attendre trois jours avant d'envoyer mon écuyer.

Tout en réfléchissant, je continuai mon bonhomme de chemin, croisant des Seigneurs bien installés mais n'osant les aborder et encore moins leur parler et tuant des monstres, à présent je défiais les chats sauvages et les chauve-souris. Les premiers me laissaient parfois, un petit souvenir très utile mais les seconds ne m'avaient encore rien droper après leur mort.
Dommage, une de mes quêtes avait bien besoin de leurs peaux !!!
Je devais patienter.

Lorsque le soleil disparut à l'horizon et que la fraicheur du soir se fit plus pressante, je crus bon devoir chercher une auberge pour la nuit. J'y avais pris goût !
J'étais encore loin du château, la chasse aux monstres me fatiguait beaucoup et je n'avançais que très lentement. Une bonne nuit de repos serait bienvenue.

En m'endormant ce soir du cinquième jour, je souhaitais que Maitre K me donne de bonnes nouvelles. Demain, peut-être...
Je pensai aussi aux pertes elfiques qui s'ajouteraient aux précédentes lors de l'assaut, demain...
L'artillerie me causait aussi des soucis. Je ferai le nécessaire, demain...

DEMAIN SERAIT UN AUTRE JOUR

Je me suis éveillée au Pays de Nawakim, sur l'ile de wakim, en cette mâtinée radieuse du sixième jour, dans une auberge très agréable, en pleine forme et prête à "manger du monstre ".
Je me trouvai à quelques lieues de mon domaine.
J'espérai fortement trouver sur mon passage, un bottier. Peut-être marcherai-je plus rapidement ?

Il me restait encore quelques heures à passer chez mon hôte, mais la nuit avait été si calme et réconfortante que, pleine d'une énergie nouvelle, je ne tenais plus en place. J'étais pressée de rentrer au château.
La missive de Maitre K était peut-être arrivée !

Un nouvel assaut devait être donné ce jour là et je devais être présente pour enrôler les nouvelles recrues, j'étais devenue très exigeante. Je voulais une armée d'élites.
Il y avait aussi, la construction de ce nouveau camp d'artillerie à superviser.
Bref, du travail en veux-tu en voilà !

Je souhaitais aussi m'élever d'un nouveau rang et pour cela, il me fallait acquérir encore beaucoup d'expérience.
La chasse aux monstres était ouverte !
Tiens ! justement, à peine sortie... des alligators ! Un peu trop puissants pour moi ! Ne dit-on pas : "courageux mais pas téméraire " !
Inutile de risquer sa vie, je passe mon chemin. D'autres de ces horreurs ne manqueront pas de se présenter. Comme dirait quelqu'un que tout le monde connait : " patience et longueur de temps font plus que force ni que rage "

C'était le milieu de l'après midi. Après de longues heures à tuer divers monstres rencontrés le long du voyage, je m'approchai de mon domaine. Des scorpions sortirent, alors, de leur réserve. Justement, il me faudrait, entre autres, quelques telsons !

Les scorpions étaient un peu forts pour moi, mais qui ne tente rien, n'a rien.
Prenant mon courage à deux mains, j'attaquai le premier. Je pris de vilains coups mais je finis par terrasser mon adversaire.
A la fois contente de mon acte de bravoure, je fus tout de même déçue, le scorpion n'a dropé qu'un petit flacon bleu et non le si précieux telson que j'attendais. Tant pis, je me relançai dans la bagarre.
Le premier coup surprit mon adversaire et, enhardie par ce geste qui laissa le scorpion étourdi, je retournai à l'attaque. Mais, il m'attendait... et m'a asséné un coup si violent que je tombai inanimée. Je restai là, gisante et agonisante sans pouvoir bouger ni crier....

Heureusement, quelques âmes charitables qui passaient par là, me portèrent jusqu'au cimetière le plus proche, me croyant morte.

Dans ce monde de magie, en ces temps reculés, par certains soirs d'été éclairés seulement par la lune, il se produit, parfois, d'étranges petits miracles.

Un bon samaritain, en promenade nocturne, prit le temps de s'occuper de moi. Dans le comas, je ne pouvais rien faire mais je l'entendis. Sa voix sourde mais chaude marmonnait. Je ne comprenais strictement rien mais après quelques minutes, je sentis qu'il venait de m'insuffler, à nouveau, la vie. Juste de quoi reprendre mes esprits. Et il me laissa dans ce cimetière sans attendre de remerciements.

Encore étourdie, j'essayai de me repérer. Je n'étais pas loin du château, ces lieux m'étaient connus. J'étais déjà venue jusqu'ici... J'étais vivante bien que sous le choc. La sagesse de mon père m'avait, cette fois, fait défaut. J'avais eu les yeux plus gros que le ventre...
Mon moral en avait prit un sérieux coup mais finalement cela en valait la peine, que d'expériences en si peu de temps !

Je décidai, tout de même que pour aujourd'hui, j'avais eu mon compte, une peur terrifiante m'envahit et je pressai le pas pour rentrer.

Chemin faisant je ne pus m'empêcher de m'en prendre à de pauvres épouvantails qui me barraient le passage sur ce chemin de terre. Et six de moins ! encore six autres ! et là neuf !!!
C'était injuste pour ces pauvres minables mais excellent pour mon moral qui remonta en flèche !!!

Ce fut suffisant pour me décider à prendre un repos bien mérité. Au détour d'un sentier, j'aperçus un étang. Le Seigneur des lieux acceptait qu'on pêchât sur ses terres.
Je me dis qu'un tel divertissement me ferait le plus grand bien. Canne à pêche et appâts, j'en avais !

Le calme de l'eau me détendit et me permit de réfléchir sereinement et en toute quiétude.
Mes armées s'entrainaient, là-bas, au château.
Au camp d'archerie, on enrôlait et l'assaut lancé un peu plus tôt, s'était bien passé. Peu de pertes et de nouvelles terres.
Personne n'avait besoin de moi. Je pouvais savourer tranquillement cette heure de pêche, au bord de l'eau...Ensuite, il serait temps d'aller dormir à l'auberge que j'avais aperçu non loin de là.

Harassé par ma journée, encore secouée par ce terrible combat, je finis par me laisser envahir par le calme de cet étang. Mon esprit vagabondait au delà des terres que je voyais, au delà même de celles que je ne pouvais voir, très loin vers l'océan...
Peut-être qu'un jour, malgré mon mauvais souvenir, je trouverai le courage de reprendre la mer et visiter d'autres contrées...

Entre rêve et réalité, l'heure de pêche passa très vite, bredouille, je pliai bagages et je me dirigeai vers l'auberge quand je réalisai que mon domaine n'était, en fait, pas si loin. Je fus prise d'une irrésistible et terrible envie d'être chez moi, quitte à me trainer !!!

J'étais à peine allongée sur mon grand lit que je sombrai dans un sommeil profond qui devait, absolument, être réparateur, ma vie ne tenait qu'à un fil...Mon moral était un peu remonté mais il me faudrait tellement d'énergie, encore, pour répondre aux quêtes !

Mes rêves furent peuplés de bateaux, de monstres et de ce sauveur, dont je ne connaitrais jamais le nom...

Je pensai aussi à Maitre K. Aucune missive, aucun signe... Demain peut-être...

DEMAIN SERAIT UN AUTRE JOUR

Le soleil était déjà très haut dans le ciel, à mon réveil, dans la mâtinée de ce sixième jour. J'avais beaucoup dormi. Ce scorpion m'avait vraiment mise KO.

A l'extérieur, j'entendis les bûcherons, leurs scies tournaient à plein régime.
J'entendis, aussi, les bruits de la carrière de pierres, et de plus loin encore, ceux des mines de fer et de graphite.
Tous étaient déjà à la tâche. L'air était chaud, irrespirable et une épaisse poussière stagnait au dessus du domaine. Pas un souffle de vent, pas de brise légère pour emporter ces fines particules en suspension qui retombaient sur les corps puissants des ouvriers. Torses nus, recouverts d'une fine pellicule de sueur, leurs muscles saillants semblaient encore plus impressionnants.
Je les admirais, aucun ne rechignait au labeur.
J'aimerais tant avoir leur force, leur endurance, leur dextérité... Les elfes sont si petits, si frêles et malingres...

Il y a quelques jours encore, ces sons m'auraient fait sourire, une fierté, un peu ridicule, m'aurait fait bombé le torse (je n'ai que 7 ans !!!)
Mais j'étais triste...

Il y a quelques jours encore, j'aurais sûrement voulu faire le tour du domaine, levé la main en guise de bonjour, arboré mon plus beau sourire pour faire comprendre à tous, que je les soutenais et les remerciais.
Mais j'étais triste...

Il y a quelques jours encore, j'aurais sûrement enfourché ma monture. J'avais fait l'acquisition d'un superbe destrier et j'avais fière allure même si mes pieds ne touchaient pas les étriers, et j'aurais visité le camps d'archerie. J'aurais discuté avec tous les hommes de troupe présents.
Mais j'étais triste...

Il y a quelques jours encore, j'aurais galopé à travers les sentiers qui sillonnent le domaine. Il n'était pas encore bien grand, certes, mais petit à petit... Ensuite, je me serais prélassée auprès du joli bosquet qui venait d'être planté et j'aurais sûrement rêvé.
Mais j'étais triste...

En ce sixième jour, je devais apprendre encore tellement de choses ! et j'étais si triste... Maitre K n'avait pas encore répondu à ma missive. Il n'avait pas non plus envoyé d'écuyer. Cela faisait trois jours que j'attendais. Je finissais par me demander s'il avait bien reçu mon message.
Peut-être, s'était-il perdu dans le labyrinthe des sentiers de l'ile ou égaré dans la profondeur des forêts ou encore flottait-il dans l'abîme d'une quelconque grotte ? Il y avait tellement de rôdeurs et voleurs que mon pauvre pigeon voyageur avait certainement été tué et servi de repas frugal à l'un d'entre eux ! C'était pourtant le meilleur de tous.
Peut-être, aussi, que Maitre K était absent. Son territoire devait être si vaste ! Dans mon fort intérieur, j'espérais sincèrement que se fut la seule raison à son silence.
Mais rien ne me consolait vraiment, j'étais triste parce qu'en ce jour, je devais impérativement m'agrandir. Et je ne savais pas quelles étaient mes priorités.
Une école de magie ?
Un autre camp militaire ?
Agrandir les bâtiments existants ?
Déclarer la guerre aux villageois et bourgeois des terres avoisinantes ?
Que faire ?

Les monstres !!! Oui ! là, j'étais sûre de ne pas me tromper et je n'avais pas besoin d'aller bien loin. Ces horreurs étaient arrivées en nombre autour des bâtiments depuis quelques jours, en fait depuis que les bosquets avaient été plantés ! Mais le souvenir du dernier combat et des coups reçus me glaçait encore les sangs.

Je restai là, à tourner (en rond!) prenant tour à tour une décision puis son contraire, n'arrivant pas à choisir.
Ah ! Maitre K ! J'avais tellement besoin de votre aide !
Où étiez-vous ?
Que faisiez-vous ?
Pourquoi ce silence ?
J'aurais préféré une réponse négative mais claire !
Etais-je tellement insignifiante que vous ne daigniez me répondre ?
Les elfes étaient-ils si répugnants ? Si horribles ? Si ridicules ?

Je ne me sentis pas le coeur d'insister et je ne tentai donc pas la rédaction d'une nouvelle missive.
Tant pis, J'étais elfe et mage, alors ce serait une école de magie ! Je brûlais certainement les étapes, il y aurait peut-être plus urgent à faire !
Mais une école de magie... L'idée me plut beaucoup.
Je planterais un arbre à proximité ainsi je pourrais m'assoir et épier toutes les entrées et sorties.
La curiosité faisait partie de mon caractère et cela m'amusait d'imaginer tous ces apprentis sorciers dans leurs tenues de magiciens !!!

Moi, aussi, je porterais cette grande robe noire. Elle serait sûrement trop ample et longue. Je ne la fermerais pas, je la laisserais flotter autour et derrière moi, afin d'éviter de marcher dessus.
Il ne manquerait plus que je m'étalas de tout mon long sur les nouvelles dalles de la grand-salle !
J'avais déjà assez de coups, de bleus et d'ecchymoses... Ah ! ce maudit scorpion...
Et puis, je poserais sur ma tête ce grand cône pointu. Il serait du plus bel effet ! Aussi grand que moi ou presque ! Je devrais gardé tête haute pour ne pas qu'il me tombât sur les yeux !
Mais non !!! c'était impossible qu'il recouvre mon visage de fouine ! Il serait forcément retenu par mes oreilles... L'atout majeur des elfes !
Ces longues oreilles pointues si fines et élégantes qui nous donnaient l'air si intelligent (pour les autres elfes...bien sûr !)
Elles étaient le reflets de notre humeur : Bien droites et dressées de chaque côté de notre tête : attention, intérêt à tout ce qui se passait autour de nous.
Obliques sur le côté : étonnement, curiosité, interrogation.
Si elles pendaient, couchées le long de notre cou : tristesse, désolation, consternation.
Mais le pire, et je vous souhaitais de ne jamais rencontrer un elfe dont les oreilles seraient dans cette position, tirées vers l'arrière raides et tournées vers l'intérieur : grosse colère et bagarre assurée.
Qu'avez vous fait pour mettre les oreilles d'un elfe comme ça ? Courrez, courrez aussi vite et loin que vous le pourrez... Votre vie en dépend !!!

Ce petit rêve éveillé, m'obligea finalement à sourire. Que d'imagination ! Je me voyais déjà donnant des cours magistraux sur l'estrade dominant les élèves alors que cette école de magie n'avait pas encore de fondations ! Mais ce soir, c'était décidé, elle serait construite. Mes parents seraient fiers de moi !
Les portes seraient grandes et hautes, ouvertes sur le monde, comme pour dire à tous :
Venez, venez, les professeurs sont bons, les salles spacieuses, les livres nombreux, le savoir abondant et le parc, apaisant et coloré d'une myriade de fleurs odorantes.

Oui ! il y aurait bien une école de chimie, dressée fièrement, là, demain...
Et cet arbre dont j'avais rêvé, éveillée, majestueux, étalant ses branches et ses feuilles vers le ciel, protégeant les humbles au bas de son tronc. Oui ! cet arbre serait là, demain...
J'aurais meilleur moral et j'enverrais sans faute cette lettre à Maitre K. Cette fois, il la recevrait et me répondrait.
Oui ! Je l'écrirais demain...

DEMAIN SERAIT UN NOUVEAU JOUR

(HRP : Dernier paragraphe, première ligne : lire " magie " et non " chimie "
Désolée pour le lapsus ! )


Je n'étais encore jamais allée si loin, à l'extrémité nord-est de mon domaine.
Là, s'étendait, à perte de vue, une vallée verdoyante et apaisante.

Septième jour sur Wakim dans ces Royaumes de Nawakim et je fêtais, dignement mais sereinement et humblement, le premier anniversaire de mon naufrage.

Je montais Alezan, mon fier destrier et parcourais la campagne à l'allure tranquille du cheval au pas.

Une semaine... une semaine seulement et une semaine déjà...!
Le temps est une notion bizarre.
Si je pensais à mes parents noyés dans ce naufrage, je me disais : une semaine déjà !
J'avais l'impression que c'était hier. Je les revoyais, à mes côtés dans ce petit bateau si léger et ridicule, secoué par l'ouragan. Ils me manquaient tellement...
Mais quand je regardais le château, au loin, majestueux et impressionnant,
quand je songeais aux carrières et aux mines creusées et à tous ces ouvriers travaillant sans relâche,
quand j'admirais, avec fierté, l'école de magie, ouverte depuis quelques heures, surplombée de son dôme brillant sous le soleil de cette mi- journée radieuse,
quand j'entendais les sons provenant du camp militaire, non loin de là,
je me disais : une semaine seulement...!

Que de chemin parcouru depuis cette nuit glaciale alors que j'étais trempée, effrayée et seule sur ces terres hostiles et inconnues.
Quelle notion curieuse : une semaine seulement et une semaine déjà...!

Très tôt, ce matin là, il faisait encore nuit, j'avais mis en pratique ce que j'avais, la veille, décidé en théorie.
L'école de magie avait été construite rapidement et ouvert ses portes dans la matinée. L'arbre dont j'avais, la veille, imaginé les branches se dressant vers le ciel, avait été planté dès la fin des travaux. Il était encore plus grandiose et gigantesque que dans mes rêves les plus fous.

Alezan marchait d'un pas assuré, ses sabots martelant le sol à chaque enjambée. Son calme et sa prestance me ramenèrent à la réalité.
L'école de magie avait été un rêve et , depuis ce matin, était une certitude.
Mais je devais rester les deux pieds sur terre et tenir compte des dures réalités de la vie en ces temps reculés.

Ces derniers jours avaient été délicats.
Mon corps meurtri ressentait encore les coups de cet odieux scorpion.
Le silence de Maitre K avait miné mon moral.
Mais, en ce début d'après midi et après une nuit courte mais de pur repos, je me sentais rassérénée, plus vieille aussi, plus sûre de moi et, bien que je n'étais pas avide de conquêtes et de tueries, je savais que si je n'agrandissais pas mon territoire, je ne survivrais pas dans ce monde hostile.
J'avais enfin défini mes priorités.
Le domaine militaire n'avait pas grand intérêt, pour moi, quelques jours auparavant, mais à présent, je savais que je devais m'y atteler sérieusement.

J'étais venue, à cheval, jusqu'ici pour me rassurer et envisager toutes les possibilités qui s'offraient à moi.
En toutes connaissances, je savais maintenant que mon but serait de m'agrandir, d'établir des bases militaires solides et d'augmenter mes ressources.
Mes voisins m'avaient laissée en paix, jusqu'à présent, mais les frontières de mon domaine n'étaient guère très loin de celles des Seigneurs d'à côté. Et rien ne me prouvait, qu'un beau matin, ils n'allaient pas me déclarer la guerre...
Je n'étais pas encore prête pour cela... Je devais rester sur mes gardes....

En ce septième jour, je lançai donc les travaux, prioritairement, d'un camp de cavalerie et un autre d'artillerie. Les volontaires seraient ainsi mieux installés et les recrues accueillies comme il se doit.
Malgré toutes les pertes subies, il restait encore quelques volontaires des premiers jours. Ceux là, étaient aguerris, et les mieux placés pour diriger les nouveaux arrivants.

La journée avait été longue. Le soleil disparaissait doucement derrière les forêts. Il laissait à l'horizon, un halo rougeoyant qui s'étirait lentement vers les montagnes lointaines.
Dans les deux camps militaires, on s'affairait encore. L'installation touchait à sa fin.
Quelques hommes supplémentaires s'étaient présentés à la dernière minute et à présent, chacun se préparait à passer la nuit dans les dortoirs neufs.

J'avais laissé les choses se faire, sans moi, pendant quelques heures et j'étais allée à la chasse. Ces monstres s'approchaient de plus en plus.
Le nombre croissant des occupants du domaine, m'avait fait pensé qu'ils reculeraient dans les plaines libres avoisinantes. Bien au contraire, plus vaste était le domaine, plus nombreux et proches étaient les monstres !
A présent, je les combattais avec prudence et bien que la plupart de mes précieux flacons était rangée dans le coffre du château, je prenais soins d'avoir, toujours sur moi, une petite réserve de ces lotions remontantes.
La leçon avait été dure mais bien utile !

Quand je fus de retour au château, la nuit était vraiment là. Il faisait noir, la lune et quelques étoiles s'efforçaient d'éclairer la plaine. Leur lumière blanchâtre était à peine suffisante pour laisser apparaitre le petit sentier que je suivais, perchée sur Alezan.

Ce soir là, je m'obligeai à ne penser à rien. J'admirai seulement la nature qui offrait sa splendeur dans les profondeurs d'une nuit d'été sur l'ile de Wakim.
Demain ?

DEMAIN SERAIT UN NOUVEAU JOUR

Nuit courte et sans rêves. Réveil difficile aux toutes premières heures de l'aube.

Allongée, l'esprit embrumé, je regardais un coin de ciel. Il était sombre, d'un bleu profond et percé ça et là, de quelques minuscules diamants.

Mes jambes me portèrent péniblement hors du château, sur le parvis. Là, je me suis mise à respirer lentement. L'air était encore frais, la rosée du matin couvrait la pelouse grasse et vert émeraude et sous mes pieds, je sentais l'humidité des grandes dalles du parvis.
La longue chemise de toile, que je portais, me protégeait à peine de la légère brise.
J'avançai de quelques pas pour sentir l'épaisseur et la douceur de l'herbe. Ce fut suffisant pour que le bas de ma chemise boive, en quelques minutes, les précieuses gouttelettes qui jonchaient les brins d'herbe.
Les fleurs étalaient leurs corolles multicolores. Certaines s'étaient refermées pour la nuit, se protégeant ainsi de l'air vif qui circulait en cette période de fin d'été. Le jour, la chaleur était encore écrasante, mais les nuits devenaient de plus en plus froides. Bientôt, la grande cheminée reprendrait du service !
Les pétales des plus grandes fleurs s'arrondissaient vers le sol sous le poids de la multitude de gouttelettes de rosée.

Pour l'instant, tout était silencieux. Pas un son, pas un bruit, pas de chants d'oiseaux. Rien que le bruissement de cette chemise de grosse toile qui, peu à peu, se transformait en torchon mouillé le long de mes chevilles.
Tout le monde dormait encore, même les monstres !!!

Un frisson me parcourut l'échine, je devais rentrer si je voulais rester en pleine forme ! C'est alors que j'aperçus mon pigeon voyageur ! Etait-ce bien lui ? Il avait un petit tube de bois attaché à l'une de ses pattes frêles.
Il vint se poser près de moi et attendit que je le délivre de son précieux et mystérieux objet.
Mon coeur battait, mes doigts, d'habitude si habiles, tremblaient.
Serait-ce, enfin, le pli tant attendu ? Maitre K avait-il, finalement, reçu ma missive ?

Je parvins à délivrer ce pauvre animal qui se balançait d'un patte sur l'autre, un peu agacé de ma maladresse.
C'était un pli rédigé par un aide de camp de Maitre K. Le contenu était bref et j'en fus un peu déçue. Mais la dernière ligne m'annonçait l'arrivée d'un page, envoyé par Maitre K, afin de m'en apprendre davantage.
Rassurée et impatiente, je courus me préparer pour la journée.

Quand arriverait-il ? Serai-je présente ?
J'avais encore tant de choses à faire aujourd'hui !
Peu importe, il serait accueilli dans les cuisines où on lui servirait nourriture et boissons. Ensuite, on lui proposerait le gîte pour un repos bien mérité. Je devais le recevoir du mieux possible afin de faire honneur à Maitre K, à qui ce page ne manquerait pas de conter son voyage !

Dès que je fus prête, je partis inspecter le domaine. Les quatre camps militaires étaient construits et pour l'instant, suffisamment spacieux pour accueillir le nombre restreint mais croissant, des hommes en place.
Une file de nouvelles recrues attendait sagement. Chacun passait, tour à tour, donner ses références, qui étaient notées dans un grand livre militaire, dont l'épaisse couverture en croûte de cuir était impressionnante.

Les carrières régurgitaient par leurs bouches béantes, des monticules de pierres, de fer et de graphite.
Le camp de bûcherons était en retard. Il avait, pourtant, été agrandi deux fois, mais à priori, cela ne suffisait pas ! Je devais remédier à ce problème...

Le dépôt, quant à lui, devait aussi faire l'objet d'un énième agrandissement. Il devenait trop petit pour contenir les tonnes extraites des mines. Encore du travail en perspective. Décidément, la flânerie n'était pas à l'ordre du jour !!!

Le page arriva en début de soirée. Il était attendu et fut soigné comme un Seigneur, après tout, n'était-il pas le représentant de Maitre K ?!
Le pli, qu'il apportait, était court mais chaleureux et j'en fus heureuse. La petite elfe, que j'étais, par son courage, sa détermination et sa ténacité, avait, peut-être, séduit Maitre K. J'avais attiré son attention et j'en étais un peu fière. Je n'étais plus la jeune Damoiselle leszans, elfe et mage de son état. J'étais reconnue comme faisant partie des Seigneurs des Royaumes de Nawakim et j'étais membre d'une guilde prestigieuse.

Mais ce soir, il était bien trop tard, la journée avait été longue, comme toutes les précédentes. Entre les bâtiments, le camp et la chasse, mes pauvres jambes étaient lourdes de fatigue. Des aiguilles de feu persécutaient mon dos.

Après une heure de farniente que je m'accordai, installée confortablement sur la pelouse, non loin du parvis, je décidai qu'il était grand temps de coucher mon petit corps endolori et courbatu.

Un grand jour se préparait pour moi, demain...
Dans un endroit, encore inconnu, avait lieu une réunion que je ne devais pas manquer. Serai-je à la hauteur face à tous ces Seigneurs ? Qu'allai-je découvrir demain ?...

DEMAIN SERAIT UN AUTRE JOUR