Alors qu'il venait de rejoindre les cieux, les dieux attendaient le retour de Bedo, mécontent que celui ci ait agit de son propre chef sans les consulter...
Bedo, sourire aux lèvres, mi-agacé, mi joyeux, poussa donc les portes « Des cieux », gardées par un vieil homme aigre qui se contenta de ricaner au passage de la Justice.
«- Bienvenue chez vous ! » lança le gardien lorsque le Dieu referma les battants derrière lui.
Le bonhomme n’avait pas tout à fait tort. Bien que les Dieux de tous les âges, des plus tordus aux plus cruels se trouvaient là, c’était chez lui. Lui. En fait, cela fait longtemps qu’il n’était pas revenu. Des mois, sinon des années, et, malheureusement, tout avais changé. Il se souvenait d’un amas de maisons en pierre, type antique. Il se souvenait de la grande place où tous se rassemblaient les jours d’orgie humaine pour répéter (au niveau divin, bien entendu) ces moments de débauches, où toutes injustices effacées, Dieux et Déesses se mêlaient.
Son regard se porta vers grande fontaine, au centre, faisant jaillir ses jets d’eaux jusqu’au ciel étoilé, visible à même le jour.
Quant aux maisons…. Ce n’était plus vraiment les maisons antiques, mais une architecture s’en rapprochant… Se rapprochant de ces grandes maisons que bâtirent les frêles créatures terrestres qui se démolirent joyeusement à coup de bombes atomiques.
Lui-même se sentait légèrement exclu. Bien que le perchoir des Dieux, là où, accompagnés des autres, il s’était indigné par les moqueries de ses confrères, n’est pas changé, il en était autrement pour le reste.
Il sortit d’un repli de sa toge une lettre blanche, et la rouvrit, pour la cinquième fois du moins, si on considère l’état froissé et refroissé de celle-ci. On pouvait y lire :
« Monsieur Bedo :
Félicitation pour votre achat / arrivée / bêtise.
Ci-joint la Convocation/ Bannissement du domaine des Dieux.
Veuillez agréer mes sentiments distingués,
Dieu Roi. »
Diverses mentions suivaient sur le papier joint. Convocation sur l’esplanade des cieux, troisième étage. Veuillez déposez vos angelots à l’entrée, ainsi que le reste du blabla industriel que vous devez irrémédiablement vous avaler.
Ce qui avait le plus intrigué Bedo, n’étais pas la convocation, mais la qualité graphique de celle-ci. D’habitude, ils utilisaient une écriture de Scribe de l’âge premier. Là s’étalaient de l’encre sans âme. Sans âme car écrite par un Non-vivant. Pas un mort vivant, car le vivant meurt avant de naître à nouveau, mais une horrible écriture…
« Digne d’une machine, tiens ! » se surprit il à penser.
Un nuage blanc se matérialisa près de lui. Son petit angelot, inquiet, indiqua prestement :
« - Dieu, venez vous ? L’on vous attend là haut. »
L’angelot pointa son doigt vers la cime des Cieux. Le Dieu observa la tour qu’il pouvait voir au loin.
« - Me..ince » se rattrapa t il.
Quelques minutes passèrent, où Bedo resta songeur.
Après, l’angelot attrapa la manche et commença à tirer dessus, répétant « Vite, vite, vite » à tout va.
Justice tourna la tête, et, pensant aux heureux d’aujourd’hui, répondit :
« - Allons alors. »
Un autre nuage de fumée blanche, et le Dieu quitta le sol qui n’était guère plus que des dalles recouvertes d’un liquide blanchâtre, où, comme il le pensait intérieurement, du goudron repeint en blanc par les soins d’un Dieu qu’il ne connaissait que trop bien.
Il réapparut en bas de l’escalier menant à l’esplanade des Cieux, sous les regards méchants des autres Dieux prestigieux présents. Quasi tous. D’autres au contraire le saluèrent avec respect, le regard chaleureux, et encore d’autres avec leur éternelle froideur. (Le premier étant l’habituel « Destin ».
Une silhouette imposante, barbe richement garnie appela :
« - Bedo ! Viens vite. »
Bedo monta lentement les marches de l’escalier. Quelque chose ne rassura pas les Dieux qui avaient râlé contre ce gâcheur de plaisir :
Justice souriait.
Les autres suivirent instinctivement, mais l’accès leurs fut vivement interdit par des Anges, à l’air féroce (on ne rigole jamais avec la sécurité), on protesta, on attendit .On entendit des murmures, puis la puissante voie de Maître des Âges, Dei Rei., criant.
Puis plus rien.
Le silence dura dix minutes, avant que la discussion ne reprenne, sur un ton nettement plus calme.
Les Dieux en présence, même les plus confiants, même Destin, se regardèrent, intrigués.
Ils restèrent ainsi pendant une heure durant, d’abord curieux, puis las…
Le Rire de Père Dei retenti, tonitruant, et, impassible, redescendit les escaliers Bedo, son sourire léger toujours présent, tenant dans l’autre main une dizaine de tablette de pierre fines, gravés de l’inscription « Bannissement »
La plupart des dieux fixèrent le mot, montrant l’accomplissement du désir de certains, et la déception d'autres. Seul Destin ne montrait pas (plus ? ) de signes sur ses émotions.
Arrivé en bas de l’escalier, il annonça :
« - IL a décidé… »
Il sorti, content, se demandant la tête que ferait les Dieux qui s’étaient amusés aux dépends des humains face à ce bannissement d’une semaine chez les humains ?
[////a partir de "Justice Souriait" c'est écrit Post Minuit. Avant c'est Ante Minuit , Edit deux pour une erreur dans le sens d'une phrase post Minuit et d'ortographe////]